Accueil > Précis de lambertologie appliquée - Saison 25 : texte et commentaires de (...) > « MONSIEUR LE PRÉSIDENT, ÉCOUTEZ LES GILETS JAUNES » Mercredi, 9 Janvier, 2019 (...)

« MONSIEUR LE PRÉSIDENT, ÉCOUTEZ LES GILETS JAUNES » Mercredi, 9 Janvier, 2019 Lettre à Emmanuel Macron de Segundo Cimbron, maire de Saint-Yzans de Médoc.

mercredi 16 janvier 2019, par Club Politique Bastille

« MONSIEUR LE PRÉSIDENT, ÉCOUTEZ LES GILETS JAUNES »
Mercredi, 9 Janvier, 2019
Lettre à Emmanuel Macron de Segundo Cimbron, maire de Saint-Yzans de Médoc.

Monsieur le président de la République,

Je suis maire d’une petite commune rurale d’un peu moins de 500 habitants dans le Médoc, en Gironde.
Comme tout le monde, j’ai appris par la presse votre décision d’organiser un « grand débat national » ouvert à tous, afin de sortir de la crise provoquée par le mouvement des gilets jaunes qui agite le pays depuis la mi-novembre.
Et j’ai appris à cette occasion votre intention de mettre à contribution les communes dans la mise en œuvre et l’organisation de ce débat.

Je ne puis que vous dire ma satisfaction que vous vous souveniez enfin de l’existence d’élus locaux de proximité autrement que pour leur transférer des responsabilités nouvelles qui relèvent des compétences de l’Etat (et parfois de ses devoirs régaliens) sans leur transférer les moyens de les assumer, quand ce n’est pas pour leur enlever ces moyens, ce qui est une façon de leur faire payer deux fois une dette dont les communes n’ont aucune responsabilité et que, pour ma part, je juge scandaleusement illégitime.
Je suis cependant au regret de vous dire que je ne participerai pas à ce débat, ni en tant que citoyen, ni en tant que maire.

Je vous rassure, je suis démocrate et tout à fait persuadé que c’est par le débat et l’échange que la société avancera et trouvera les solutions les meilleures parce que les plus acceptables par tous.
Mais encore faut-il que ce débat soit loyal et non biaisé.
Or, je ne peux pas faire comme si je n’entendais pas, "en même temps" que votre proposition d’ouvrir ce débat, les déclarations de vos ministres à longueur d’antenne et dans la presse, et votre propre allocution du 31 décembre indiquant qu’il n’y aura « pas de changement de cap » et que les premiers 18 mois de votre présidence ne seront pas « détricotés ».

En somme, vous ouvrez le débat en indiquant que ses conclusions sont déjà écrites et qu’il ne servira qu’à discuter de la couleur du papier peint d’un édifice qui est précisément celui que conteste le mouvement des gilets jaunes.
Mouvement dont tous les sondages indiquent qu’il est encore soutenu par une majorité de Français, ses principales revendications (sur le pouvoir d’achat, sur la justice fiscale, sur les services publics et l’aménagement du territoire, sur le renouvellement de notre fonctionnement démocratique, etc.) étant soutenues par près des trois quarts d’entre eux.

Ce débat - je puis vous en assurer pour les avoir rencontrés et pour y participer - beaucoup n’ont pas attendu que les institutions leur organisent pour l’avoir, entre eux, là où ils sont, dans ces ronds-points où ils découvrent qu’ils ne sont pas seuls dans leurs difficultés quotidiennes et redécouvrent la chaleur de la fraternité dans la solidarité.

Cette France-là débat déjà tous les jours depuis la mi-novembre. Sans vous, monsieur le président ; sans nous les élus. Et elle écrit pas à pas ses conclusions sur une feuille qu’elle a voulu blanche.
Sur la feuille du débat que vous proposez sont déjà écrits les sujets à débattre, ceux qui sont interdits, les cases à cocher et les conclusions qu’il n’y aurait qu’à amender.
Deux démarches, donc. Je préfère la première.

Permettez-moi, monsieur le Président, de profiter de ce courrier pour vous rassurer :
Au vu de leurs discussions, je vous assure que les gilets jaunes n’ont rien à voir dans leur immense majorité avec la poignée de fascistes factieux et bornés pour qui la quenelle tient lieu de signe de ralliement et de réflexion et dont les médias relaient complaisamment les faits et gestes comme s’ils étaient un tant soit peu représentatifs de ce mouvement citoyen.

C’est vrai qu’ils n’aspirent pas à devenir milliardaires, comme il vous est arrivé d’inviter les jeunes à en faire le but de leur vie. Non.
Avoir les moyens de vivre dignement, d’élever leurs enfants et de leur laisser un monde plus humain suffit à leur maigre ambition et à leur bonheur.
Je ne crois pas que ce soit trop demander, monsieur le président, et qu’on puisse les qualifier d’extrémistes pour cela.

Vous êtes président, je ne suis que maire d’une petite commune. Je me permets malgré tout de vous conseiller de les écouter.
Mais vraiment. Pas dans un simulacre de débat qui ne sert qu’à vous permettre de « reprendre la main » comme l’expliquent goulument les experts politologues, mais qui ne trompe pas grand monde.

Je vous prie d’agréer, monsieur le président, l’expression de mes salutations sincèrement républicaines.

https://www.humanite.fr/monsieur-le-president-ecoutez-les-gilets-jaunes-666137

***

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Portail

Sites utiles :

A l'encontre

Revue Prométhée

Netoyens

Marx au XXI siècle