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Ouvrons le débat

lundi 16 décembre 2013, par Club Politique Bastille

Publié le 1er mai 2013

Le Club Socialisme Maintenant devient le Club Politique Bastille. Vous trouverez ci-dessous un texte pour ouvrir le débat..
Convenons-en : tout a échoué jusqu’alors. Une discussion sans a priori s’impose, voilà pourquoi nous décidons de créer un club. Convenons-en aussi : la conscience est toujours en retard sur les événements, surtout lorsqu’il s’agit de mesurer l’ampleur d’une défaite.
Les partis, les mouvements, les grands ou petits regroupements, toutes les formations de tradition socialiste, léniniste, trotskyste, libertaire sont en dépôt de bilan plus ou moins avancé. La répétition de formules élaborées il y a presque un siècle injurie la réflexion théorique. Les crises succèdent aux scissions. La plupart des militants sont fatigués, sceptiques, usés par l’activisme politique.
Nombreux n’osent même plus s’interroger de peur de conclure à un échec. Et nous, nous sommes issus de ce processus débilitant. Quelle que soit notre propre histoire, nous avons donc notre part de responsabilité. Responsabilité dans l’orientation des organisations, mais surtout responsabilité dans l’aveuglement face aux bouleversements du monde.
Eric Hobsbawm, historien marxiste, terminait ce « court vingtième siècle », commencé par la Révolution de 1917, en 1989. Cette date est rapidement associée, à juste raison, à la chute du mur de Berlin. Mais elle n’est pas seulement le symbole de la chute du système soviétique, c’est aussi la fin symbolique de toutes les perspectives ouvertes durant ce siècle.
1989, c’est aussi le massacre de Tienanmen qui marque la fin des perspectives de révolutions alliant paysannerie et prolétariat, de guerres révolutionnaires dirigées par l’état-major du Parti.
1989, c’est le procès du général Ochoa à Cuba. Ce procès marque l’arrêt de la Tricontinentale, des perspectives tiers-mondistes et guevaristes.
Plus encore 1989, c’est la victoire du néo-libéralisme des Hayek et Friedman, alors récents Nobel d’économie, des Deng Xiaoping qui ouvrent la voie à la transformation de l’économie chinoise puis mondiale.
Difficile alors d’admettre la victoire de la contre révolution libérale. La littérature révolutionnaire va se centrer de plus en plus sur la description économique (mondialisation, capitalisme financier, changement des centres économiques) et abandonner le terrain des idées émancipatrices. Dans l’espace politique, ceux qui ont conduit à l’échec ont du mal à admettre leurs erreurs sans se renier. Ils glisseront des perspectives révolutionnaires à la théorisation de la résistance. Des luttes révolutionnaires aux luttes de défense des acquis. Terrible aveu d’impuissance. Mais qui le dit alors ?
Les révolutionnaires décrivent les méfaits du capitalisme alors que les néo-libéraux sculptent la société qui subit des transformations profondes, anthropologiques. La rengaine des organisations révolutionnaires tourne toujours même si le disque gratte un peu, mais elle n’est plus audible.
La mondialisation explose
Malgré toutes ces difficultés, il nous semble qu’il faut réagir et qu’il est aujourd’hui possible de le faire.
La crise économique qui a éclaté en 2008, mais qui était à l’œuvre souterrainement depuis longtemps, menace l’Humanité des pires barbaries. La guerre est de retour : Irak, Afghanistan, Mali et peut-être demain l’Iran. En Asie, au Moyen-Orient, les états-majors travaillent aux conflits de demain. Les budgets d’armement de la Chine, du Japon, du Vietnam, des Philippines, atteignent des sommets. La folie meurtrière va de pair avec l’extension de la misère, en particulier dans les pays autrefois « avancés ».
L’état du monde appelle analyses, réflexions solides. Et que dire de la mise en coupe réglée de la planète ? Les prédateurs capitalistes pillent les matières premières menaçant l’ensemble de l’écosystème. Ils épuisent la terre comme ils épuisent le travailleur dans la course à l’accumulation de sur-valeur (plus-value). L’écologie représente un enjeu politique majeur pour la survie de l’Humanité. Elle ne doit pas être réduite à un simple argument électoral !
Tout indique que la crise économique mondiale n’est pas seulement une « réplique historique » de celle de 1929. C’est une crise politique, une crise de civilisation.
La mondialisation explose. Il n’est pas un arpent de sol sur la planète qui ne soit concerné par la crise financière, par la menace à court terme des catastrophes comme celle de la Grèce. La terre est plus ronde que jamais. Seule une perception globale peut permettre de différencier les situations, pays par pays, seule l’analyse du temps long peut nous permettre d’évaluer les processus politiques à l’œuvre.
Sommes-nous déjà entrés dans une nouvelle période historique ou sommes-nous encore à la lisière ? Le capitalisme peut survivre à sa crise ; la démocratie peut-être pas !
La question de l’émancipation
C’est toute l’Humanité qui vacille sur ses bases. Pourtant au tournant des années 2000, des sociologues, des philosophes, des militants ouverts commencent à percevoir les marques profondes du néo-libéralisme sur l’économie, bien sûr, mais aussi sur la vision et la compréhension du monde, sur les relations inter-subjectives, sur le psychisme même.
Progressivement, l’analyse critique reprend de la vigueur. Penser un autre monde, construire un vivre ensemble possible ne sont plus seulement des rêves cachés. La crise ouverte par l’application des théories néo-libérales ouvre un espace de pensée.
Dans des conditions difficiles, exploités et opprimés continuent de lutter, de tenter de se prendre en charge et de rechercher des coopérations nouvelles.
Depuis l’Iran, le déferlement des révolutions arabes, les révoltes de masse en Europe du sud, les mouvements d’occupation à New York et Londres, les manifestations québécoises, des questions se posent :
Qui est le sujet de l’histoire ?
Quelle est la puissance politique susceptible d’entreprendre la révolution ?
Quelles sont les nouvelles formes de luttes susceptibles de submerger les barrages bureaucratiques ?
Pourquoi en France, le mouvement appelé « ouvrier » reste-t-il atone et prisonnier de ses impuissantes certitudes ?
Et bien d’autres encore…
C’est un retour inattendu de l’histoire avec ses apogées et ses fins possibles.
C’est aussi et surtout l’essor d’une génération qui, victime principale des mesures aberrantes des forcenés de la rente, n’accepte pas son sort. Généralement plus instruite, elle doit pour exister s’inventer un avenir, ne pas répéter les erreurs des précédentes.
Notre démarche
Un club car il faut analyser, réfléchir, décrypter. Oser la novation. S’interroger sur les nouvelles formes d’organisation, les regroupements d’aujourd’hui et de demain.
Un club, c’est-à-dire un lieu de liberté, ouvert à tous. Un club où ceux qui militent dans une formation peuvent participer à des travaux qui ne font pas double emploi avec leurs regroupements. Donc un club et non un parti avec sa discipline, ses règles établies, son appareil qui décide. Notre première référence c’est Rosa Luxemburg qui d’emblée s’oppose aux fonctionnaires de la social-démocratie allemande ; puis se rallie à la révolution d’Octobre tout en critiquant sévèrement la démarche liberticide des bolcheviks. Rosa Luxemburg car femme, internationaliste et révolutionnaire ; elle met au premier rang la nécessité que révolution, démocratie et liberté aillent de pair. C’est plus que jamais la question.
Notre club cultivera la démocratie vivante. Ni chefs ni enjeux de pouvoir.
Il existe déjà des clubs. Le plus souvent ils sont liés à des partis politiques, des organisations et sont des sortes de think-tank même à l’extrême gauche. Nous, nous voulons, nous serons indépendants. Ainsi, nous pourrons aborder tous les problèmes politiques que l’époque commande.
Notre club intègre les apports marxistes et libertaires, mais se définit également en référence aux clubs du XVIIIème siècle, faiseurs de Lumières, qui ont annoncé la révolution française. Bien sûr, il doit aussi et surtout suivre les recherches qui se mènent.
Les problèmes abordés, répétons-le, ne sont pas nationaux. Dans chaque pays, la forme diffère mais probablement le contenu converge. C’est pourquoi nous travaillons donc avec tous les regroupements français ou étrangers sensibles à nos objectifs.
Notre club devra s’attacher à préciser le contenu des communs. La définition d’objectifs de civilisation, d’objectifs politiques de changements réels appelle la définition de nouveaux chemins. Les nouvelles technologies de communication doivent être réfléchies à travers les révolutions arabes, les mobilisations en Grèce, en Russie, en Espagne, aux USA.
De nouvelles approches politiques apparaissent, des expériences de mobilisations se multiplient. Le mouvement réel de l’auto-organisation s’invente sous nos yeux. Qu’ils s’appellent Indignés, Femen, Mouvement Cinq Étoiles, Pirates, etc. Ce qui est sûr c’est qu’ils se sont émancipés des théories recuites, du prêt à penser. Ils rejettent de manière globale le système économique, social et politique actuel, ils se concentrent sur leur détermination à ébaucher ensemble ce que la société devrait être et non pas ce qu’elle aurait de perfectible dans le cadre du capitalisme.
Notre club devra en débattre sans à priori ni dogmatisme. Pour cela, il nous faut croiser analyses et expériences, multiplier les points de vue. Il ne s’agit nullement de dresser des plans sur l’avenir et de donner le bon mot d’ordre au bon moment. Il s’agit d’œuvrer à une critique radicale de l’ordre existant et comprendre comment « les 99% » peuvent y mettre fin.
Voici quelques uns des problèmes que nous souhaitons aborder avec humilité mais avec espoir. « Le cap est de bonne espérance » (Victor Serge).
Le Club Politique Bastille

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