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Quelques notes sur la séquence. Trois temps et épilogue. 29 septembre 2022.

jeudi 20 octobre 2022, par Club Politique Bastille

Quelques notes sur la séquence.

Trois temps et épilogue.
29 septembre 2022.

Grèves et manifestations « prélude à un large mouvement pour l’augmentation des salaires… »
En un mot : la journée d’action de rentrée.
Journée qui arrive un peu tard cette année dans un climat lourd du fait de la guerre impériale russe contre l’Ukraine, des restrictions énergétiques et de l’augmentation des prix qui en découlerait.
Climat lourd aussi du fait de l’inflation qui percutent les frais de rentrée, les salaires précaires et plus globalement tous les salariés. Une longue période de « modération salariale », une reprise économique boostée par les aides d’État après les années Covid, l’inflation qui en découlent : tous les ingrédients classiques pour lancer une lutte légitime pour une augmentation importante des salaires sont réunis .
Journée d’action veut dire mobilisation des militants. Manifestation correcte sans plus, certainement pas à la hauteur des attentes des syndicalistes.
Alors apparait dans la partition :« cela ira crescendo ! »

Le mouvement d’ensemble ne fonctionnant pas, les leadeurs syndicaux divisés et leur force déclinante, les salariés décident la grève dans plusieurs secteurs dont celui capital des raffineries. Grève suivie dans un secteur stratégique dont les conséquences sont immédiatement visibles et où le personnel qualifié est syndiqué de manière importante. Immédiatement le conflit devient un enjeu politique, le gouvernement voudrait au plus vite des négociations avec Total qui les refusait depuis longtemps. L’accord avec les syndicats « responsables »( ceux qui se préoccupent plus des queues à la pompe que des salariés) est fait à 5%. Les syndiqués CFDT et CGC l’acceptent, les salariés des principales raffineries refusent comme la CGT . Le blocage se poursuit, la barre est fixée à 7% , le bras de fer continue.
Le gouvernement commence une campagne de réquisition perlée, fort aussi de la faible popularité du mouvement. N’oublions pas non plus que le congrès de la CGT avec le remplacement de Martinez se profile et que la CGT Chimie affiliée à la FSM est un secteur d’opposition. Tous ces éléments renforcent le bras de fer et la grève est reconduite régulièrement.
Les plus optimistes pensent alors que cette grève va profiter à la Marche du dimanche.

Marche contre la vie chère et l’inaction climatique du 18 octobre.

Marche nationale, prévue et organisée de longue date, étape importante dans le plan de « prise de pouvoir par les urnes » de Mélenchon rejoint par la NUPES et les restes valides de l’extrême gauche. L’importance politique est immense ; donc la réussite de ce défilé est obligatoire.
140 000 manifestants ! (Les boulevards du parcours ne peuvent en contenir que 60 000). L’agence Occurrence ( référence de la presse y compris indépendante genre Médiapart) annonce 29 500.
C’est une étape de plus dans la constitution d’une narration politique qui échappe de plus en plus à la réalité. Et cela continuera crescendo…
Marche lente de chenus bousculés çà et là par le Black Bloc minimum et les FDO à la violence encore illégitime. Les discours, la sonorisation sont calibrés et standards mais quelle est la perspective ? Et quand la guerre en Ukraine s’invite (l’internationalisme voudrait que le soutien à la résistance ukrainienne et à la lutte des femmes en Iran soient intégrés dans une marche politique de la « Gauche »), c’est pour entendre ou voir le POID ou le PCOF refuser des armes à l’Ukraine. La honte absolue pour ce qui se veut être le mouvement ouvrier.
Vie chère, niveau de vie, augmentation des salaires, quel est le mot d’ordre ? Empêcher le 49.3 sur le budget en le noyant sous le nombre ? Là c’est raté mais la démonstration politique n’est pas un échec irrémédiable.
Première étape. Crescendo !!!

La grève dans les raffineries se poursuit, les mini réquisitions aussi.
Le 18 octobre une grève contre la réforme de la privatisation et du démantèlement de la formation dans les lycées professionnels est prévue. Elle sera correctement suivie au vu de l’importance de l’enjeu.
Mais l’atmosphère sociale pousse à la grève interprofessionnelle appelée par les syndicats sans la CFDT évidemment. Grève interprofessionnelle pour ne pas dire de la Fonction publique et des transports.
Il est à noter que pour noyer un mouvement qui part de la base, d’un secteur, qui tente de s’organiser démocratiquement l’arme des bureaucraties syndicales a toujours été l’appel à l’action généralisante (journée d’action ou préparation step by step d’une grève générale hypothétique). Aujourd’hui cette méthode est aussi employée par des petites organisations qui se réclamait en leurs temps du « par en bas ».

Des spécialistes du performatif politique
voient s’inviter LA grève générale (Sandrine Rousseau, SUD et bien d’autres) Mélenchon parle de MAI 68 perlé… L’inflation ne touche pas que les prix, elle touche aussi ceux qui sont prisonniers de leurs discours. « Rêve générale » ?
Sud éducation multiplie les flyers « nous entrons dans LA grève ». Il n’y aura à Paris aucune assemblée générale de grève. Une première !!!
Des mouvements existent. Des lycées bougent. Les causes de ces révoltent sont diverses et doivent être étudiées. Des facultés font des AG, certains s’ouvrent à la grève. Mais nous sommes à une semaine des vacances, court délai pour une extension.

Il est à noter que pour noyer un mouvement qui part de la base, d’un secteur, un mouvement qui tente de s’organiser démocratiquement l’arme des bureaucraties syndicales a toujours été l’appel à l’action généralisante (journée d’action ou préparation step by step d’une grève générale hypothétique). Aujourd’hui cette méthode est aussi employée par des petites organisations qui se réclamaient en leurs temps du « par en bas ».

Donc, c’est une journée d’action avec manifestations.
150 000 ? non la CGT en restera à 70 000 à Paris. Certainement moins de 20 000 personnes. Un défilé CGT important, des salariés pas des retraités. Une participation jeune assez dynamique mais pas une manifestation de lutte.
Enfin une première : un cortège queer. Et quand celui-ci est plus important, plus jeune, plus dynamique, plus nombreux que la FSU par exemple ,que faut-il en penser ?

Cette séquence pose bien des questions. Aucune manifestation n’a pris un caractère de lutte. On résiste, on ne lâche rien, on défile… Pourtant une analyse objective de la situation mériterait d’être faite ; pour cela , il faut sortir de l’ « agentivité », nouveau précepte de la philosophie politique. Pour le dire simplement, prendre ses désirs pour des réalités sans discussions possibles.
Aucune manifestation n’a connu d’échec retentissant. Tout sera crescendo.

(En nouvelle politique, il n’ y a pas de diminuendo, en musique c’est l’explosion de l’orchestre instruments pulvérisés, cuivres jugulaires éclatées).

Cela signifie qu’aucune perspective n’est ouverte, que le 49.3 va être présenté, que la censure ne sera pas votée. Les députés NUPES aujourd’hui sont attachés à leurs sièges et le pronunciamiento de Mélenchon ( censure, dissolution, nouvelles élections, premier ministre ) ne fait rêver personne après cette Marche sur… Si tant est que quelqu’un hors de la garde prétorienne du Tribun n’y ait jamais cru.

Pourtant la situation est critique, sans doute plus en Grande Bretagne ou en Italie qu’en France. Mais encore une fois ce ne sont pas les mots d’ordre qui créent le mouvement. Poutou voudrait « des gilets jaunes puissance 10 », mais nous n’avons pas besoin ni de devin, ni de tribun.
Nous avons besoin d’une analyse objective de la situation réelle. Revenir de « la réalité alternative » version gauchiste. Construire une compréhension commune pour avancer vers un tous ensemble sûrement mais aussi pour savoir comment s’organiser « par en bas » contre la course folle de Macron.
Le mouvement Enough is enough est une source de réflexion. D’autant plus qu’une crise politique ouverte frappe les sommets londoniens.
Étudions ce qui existent et laissons les imprécateurs à leurs imprécations.
Sauvons-nous nous-mêmes !!! Préservons-nous des sauveurs !!!!

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