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Samedi 5 octobre, s’est tenu une réunion du Club Politique Bastille qui aurait pu être la dernière

mercredi 16 octobre 2019, par Club Politique Bastille

Samedi 5 octobre, s’est tenu une réunion du Club Politique Bastille qui aurait pu être la dernière, la convocation inscrivant à l’ordre du jour la question triviale « faut-il fermer boutique ? ».
Cette question n’est pas nouvelle mais la persistance du mouvement des Gilets jaunes suspend tout, transforme tout.

Pourquoi donc « dissoudre » un club ?

Par lassitude sûrement, lassitude d’une forme répétitive, d’une distance au politique que l’on cherche toujours. Entre le discours « militant » performatif en diable et répétitif à souhait, une vieille gomme mâchée dont le goût disparait dans le flot de salive, et le discours « savant », jus de concepts pour amateurs de tisanes. Pourtant nous avons abordé de nombreux sujets en écho à l’actualité en presque dix ans, suivi des pistes neuves comme celle des Communs avec et sans les auteurs, observé les changements de paradigmes depuis le début des « révolutions arabes ». Parfois à vouloir être trop près des événements nous avons surestimé certains bouillonnements, nous sommes parfois tombés dans l’outrance. Mais nous n’avons pas au cœur de notre démarche la volonté absurde de démontrer que nous détenons la vérité. Là est la distance véritable.
La discussion en restera là car justement « le mouvement incroyable des Gilets jaunes » dévore toute approche politique et rend futile une décision définitive. Nous nous réunirons donc tant que nous aurons quelque chose à nous dire.

Et justement, les Gilets jaunes !
Les approches par les camarades sont aussi diverses que le mouvement peut l’être.
De province, de la campagne, c’est l’aspect émotion brute qui prédomine sans aucune sophistication politique. Il peut prendre le langage de la droite extrême sans pour autant en emprunter nécessairement ses certitudes racistes et idéologiques.
De Paris, c’est l’interprétation politique des événements qui prédomine dans l’arrière salle des cafés. Bien sûr, personne dans ce club, n’a jamais partagé le rejet des Gilets jaunes au nom de la pureté de la classe comme certaines organisations que nous regardons s’éloigner loin dans leur passé. Mais, l’image d’une masse hétéroclite, pour ne pas dire d’une foule, qu’il faudrait instruire et éduquer affleure encore trop souvent dans la pensée politique. C’est la dernière forme de résistance des figures rhétoriques de la révolution manquée du siècle dernier avec les « révolutionnaires » qui ensemencent, les organisations qui disciplinent et le pouvoir qui se laisserait prendre comme une simple sous-préfecture.

Le questionnement le plus fréquent porte sur la forme d’organisation que pourrait prendre ce mouvement. Hier encore, nous parlions d’auto-organisation mais cela correspondait à des luttes « classiques » de secteurs du monde du travail. Aujourd’hui, se pose le problème de réunir dans le mouvement une force politique sans exclure les nombreux facebookeurs qui ne se reconnaissent pas dans des structurations comme l’assemblée des assemblées qui, à mesure que les éléments de programme s’assembleront, sélectionneront les militants. L’image de l’avant-garde reste une persistance dans la rétine de l’observateur politique.

Ce qui unit c’est le cri, la rage, la fraternité dans le rejet de cette société. Anti-capitaliste certes, mais il n’est pas question de postures, d’offres électorales. Il est question de détruire le système.
Pour ce faire, tout est opportunité. Hier encore, on parlait de crises des retraites, de grèves, de journées d’action, de grève générale au mois de décembre. Maintenant personne ne peut faire de projection, toute perspective est transcendée par le mouvement qui est là comme un feu rampant. Qui aurait cru à la réussite complète d’une grève de la RATP ? Qui peut évaluer l’immense tristesse et la vague de haine contre le ministre qui parcourt le monde enseignant après la découverte du suicide de Christine Renon ? Des questions de ce genre, l’actualité en pose à foison : une grève, une occupation, un accident, un attentat et c’est un ministre qui est désigné, un scandale dévoilé, un système mis à nu.
L’effet de souffle sur le pouvoir a été violent. Pour lui, difficile de poursuivre les contre réformes, il faut d’abord tenir. Pour cela, le « moderne », le « disruptif », le président tente de déchainer la haine en reprenant le discours anti immigrant, de verrouiller l’État autour de ses forces de répression mais la gendarmerie renâcle et la police se divise.
Après la tuerie au sein de la Préfecture de police, le président appelle à une « société de vigilance ». Une société où chacun devient le vigile de l’autre. Un cran supplémentaire dans le putride, le fangeux. Il n’y a pas que les fumées de Rouen qui soient irrespirables.

Nous ne sommes à la veille de rien mais tout est possible.

D’autant plus que l’urgence climatique a surgi dans la conscience de millions de gens. Les voies de la prise de consciences sont diverses mais deux points sont irréversibles, ce ne sont plus des points rhétoriques, les changements sont là, maintenant, dans nos vies et la jeunesse en a fait son combat car elle veut vivre.

L’anthropocène, ère où les activités humaines influent directement sur l’état de la planète, a maintes fois été étudiée depuis l’apparition des premiers effets de la révolution industrielle. Mais aujourd’hui, c’est de la nature même des activités humaines dont il est question. Dire que le système de production, que l’organisation du travail, que les buts financiers sont directement responsables de la mise en danger de l’écosystème est juste. Il faut donc parler de « capitalocène » pour caractériser notre période.
Mais le dire ne suffit pas.

L’écologie n’est pas un supplément d’âme, une politique qui rendrait sympathique un marché mondialisé avec deux couches de peinture et un bouquet de tulipes. Ce n’est pas non plus un préfixe, éco, qui permet de continuer à penser les mêmes structures qu’hier.
Aujourd’hui, il est question de la survie de la Terre. Mais, l’urgence de l’action ne doit pas être une excuse à toutes les politiques. Elle n’excuse pas ceux qui, au nom du pragmatisme, nagent vers les eaux du pouvoir. Une victoire électorale n’est pas une monnaie d’échange politique ni un ticket d’entrée aux « responsabilités à dorures ». Comme elle n’excuse pas les postures, les défoulements, les politiques proclamatrices. Nos oreilles sont encore pleines de slogans, de discours à la radicalité ciselée contre le système capitalisme.
N’oublions pas que le capitalisme est un rapport social avant tout.

La lutte pour sauver la Terre passe par la destruction effective des forces qui l’attaquent directement par l’extractivisme, la pollution, le réchauffement et le système social, le patriarcat, l’exploitation, le mensonge, la haine et la misère.

Est-ce une convergence camarade ? Détruire dirent-ils.

Notre camarade Patrick, membre de la CPES, coopérative politique de l’écologie sociale, nous a présenté le programme de l’assemblée constitutive de « Pour une écologie populaire et sociale » (PEPS), les 9 et 10 novembre 2019 à Paris 12e.
L’intérêt, les enjeux sont grands aujourd’hui.
Espérons que ce ne soit pas une nouvelle force qui se voudrait le porte-parole des mouvements.
Espérons que véritablement la question préalable soit bien la destruction du capitaliste. Toute discussion sur une économie verte, solidaire, socialiste ou autre ne peut être abordée de manière indépendante. Même et y compris les questions de regroupements, de soutiens aux actions, de votes locaux, d’élections municipales.

Le Club Politique Bastille restera encore, une fois au moins, un lieu de discussion. Le retour sur ces journées de fondation politique du 9 et 10 novembre sera abordé, sans nul doute, lors de la réunion du samedi 14 décembre.
Il est aussi, dès maintenant, mis à la discussion commune l’idée proposée par une camarade de travailler sur la reprise des termes, des notions et des concepts politiques.
Le langage est directement politique. Il s’use aussi. Il n’est pas question de ravaudages mais d’actualisation pour se comprendre et pour sortir de l’autisme politique.

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