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Réunion du Club Politique Bastille 15 Décembre à 17 h et Journal des Gilets Jaunes

mercredi 12 décembre 2018, par Club Politique Bastille

Chers tous,
Le mouvement des gilets jaunes est historique.
Nous n’espérions pas un tel événement.
Nous en discuterons bien évidemment
lors de notre prochaine réunion.
Faisons en sorte d’être plus nombreux.

Réunion du Club Politique Bastille

15 Décembre à 17 h

8 Impasse Crozatier 75012 Paris

Métro Gare de Lyon

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Vendredi 14 décembre

Hier, à Strasbourg, à 20h58, la police a tué Chérif Chekatt.
Fin de la séquence.
Macron tente de la prolonger en se rendant à Strasbourg cet après-midi. Dérisoire.

Hier, deux « représentants » des gilets jaunes recevaient des journalistes à Versailles, devant la salle du Jeu de Paume. Le symbole est fort.
Des historiens spécialistes de la Révolution française comme Guillaume Mazeau ou Sophie Wahnich montrent dans plusieurs articles de presse comment les gilets jaunes « réveillent les allusions à la Révolution Française ». Ils évoquent plus les sans culottes, l’Hébertisme, que Robespierre ou Danton. C’est bien le sentiment d’égalité qui remonte du fond de la société française.
Devant la salle du jeu de paume, les représentants lancent un appel à manifester samedi. Point.
C’est capital pour la suite du mouvement.
Certes, le « serment » n’est pas prononcé. Les interventions se concentrent, sur la demande de référendum d’initiative populaire et non sur des revendications sociales immédiates. Cela montre l’état de confusion politique, mais c’est normal à ce stade.
Disons-le tout net, cette demande de référendum est une tentative de faire passer le mouvement tumultueux des gilets jaunes par le chat de l’aiguille des revendications démocratiques bourgeoises pour en finir avec la chienlit qui s’accroche à toutes les formes d’auto-organisation. Référendum, même d’initiative populaire, et auto-organisation sont contradictoires.
Les gilets jaunes forment une masse en fusion, une scène démocratique où se débat l’avenir de notre société. Un référendum les réduirait à l’état de votants. Marché de dupes. Comme nous avons été dupés en 2005.
Bien, je ne vous ferai pas l’injure de dire : peine de mort ou interdiction de l’avortement, l’injure de poser la question : Suisse, Italie quels systèmes, quels gouvernements ?
Non, la discussion doit se poursuivre car la question est de taille. C’est celle de l’aménagement des formes de domination néolibérale versus une société structurée par l’auto-organisation. C’est juste la question de la révolution.
En effet, contrôler, destituer un élu, c’est une chose. Mais faire semblant de ne pas voir de différence entre la Chambre des députés de la V° république et l’assemblée de la Commune, c’est un peu énorme.
Bien sûr, on peut toujours parler de « démocratie participative » pour un projet local, une question sociétale (et encore, souvent opinion varie car on est bien là au niveau de l’opinion) .Pourquoi pas ? Mais présenter cet aménagement constitutionnel comme celui qui nous ferait changer de régime, non !
On reviendra sur ces points car maintenant le débat politique va s’ouvrir entre les gilets jaunes. A leur niveau et suivant leur forme.
Que les convertis de la dernière heure tombent en pamoison devant le miracle de la multiplication des gilets, c’est habituel, mais cela ne leur donne pas forcément le droit à la parole.
Mais, rien ne s’oublie.

Donc demain manifestations à Paris et dans toutes les villes de France.
Quelles formes prendront-elles ? Comment s’organiseront-elles devant les violences policières annoncées ?
Castaner l’a dit : même dispositif que la semaine dernière.
Chars, Cuirassiers, Gaz, Flash Ball…

Combien de morts ? Combien d’amputés, d’éborgnés, d’arrêtés, de déférés, d’humiliés ?
Mais, rien ne s’oublie Castaner.

Aujourd’hui, Grève générale, tous, toutes mobilisé.e.s avec la CGT !
« Des grèves partout » a lancé Martinez. Ou bien « Partout des grèves et aussi de la convergence » ?
Ce qui était inenvisageable le 7 décembre est aujourd’hui nécessaire. Comme on le sait, la politique, c’est l’art de la maîtrise du temps.
Les syndicats SUD, FSU et certaines UD FO appellent aussi.
On verra lundi si des grèves s’organisent…
La CFDT fête toujours sa victoire aux élections professionnelles. Mais, à y regarder de près, on verrait que, pour la première fois, le nombre de votants est passé sous la barre des 50%. Qui a perdu ? Qui a gagné ? Revenons aux gilets jaunes.

Du formidable apport de la sociologie. (Article sur le site Telos)
Olivier Galland vient de constater que les plus pauvres sont peu mobilisés. « Les personnes vivant sous le seuil de pauvreté ne sont pas les plus impliquées dans le mouvement ». Leurs intérêts convergent-ils avec ceux des gilets jaunes ? « On peut en douter ». Pour le dire vite, les gilets jaunes vont piquer l’argent des prestations sociales aux plus pauvres car « il n’y a pas en France de trésor caché dans lequel on pourrait puiser » !!!
Classique appel au « lumpenprolétariat » contre les mobilisations ouvrières. On avance, on innove dans certains laboratoires. Formidable apport de la sociologie.
Merci monsieur, vous avez bien mérité votre titre de directeur de recherche au CNRS.

Et pour terminer, un rapide tour d’Europe des gilets jaunes.
Hier, gilets jaunes en Suisse, en Espagne, en Belgique, en Israël, contre la vie chère ; manifestation contre Orban.
De nombreux articles en Italie : « Comment se fait-il que l’Europe ne dit rien quand Macron, le champion, fait plus de déficit que nous ? ».
Les cheminots allemands appelés à la grève par la DGB enfilent des…gilets jaunes.

Ce soir une question large.
Contre les « régimes populistes », illibéraux disait l’autre, la meilleure réponse n’est –elle pas la mobilisation du peuple lui-même, par lui-même, sans sauveur, ni tribun ?
Que Chantal Mouffe, les « intellectuels » libéraux et les éditorialistes médiatiques répondent.

J’oubliai. La motion de censure a été rejetée. Belle séance ! Faut-il vraiment les contrôler ?

***

14 décembre

N’étant pas parvenu à disqualifier le mouvement des gilets jaunes, le pouvoir a mobilisé le ban et l’arrière-ban des « Chiens de Garde », comme toujours ils aboient quand leurs maîtres le décident.
Castaner a osé annoncer que les gilets jaunes étaient des casseurs, des « factieux ». Factieux, mot utilisé pour dénoncer les tueurs de l’OAS ! Factieux, ceux qui exigent la démission de Macron, des assemblées populaires, des porte-paroles élus, non auto-désigné par les médias, le rétablissement de l’ISF etc…

Les gilets jaunes n’ont pas cédé.
À Paris en province ils ont manifesté. Parallèlement, les lycéens ont commencé à se mobiliser contre les lois de sélection.
L’intervention de Macron a confirmé la victoire emportée par la mobilisation de plus de trois semaines. Le pouvoir recule. De manière encore limitée mais significative. Philippe a raison de rappeler que jamais le SMIC n’avait – depuis 1968 – augmenté de 125 euros. Même s’il s’agit, en fait d’une combine financière, le chiffre comme la suppression de la CSG sur les retraites de moins de 2000€, exprime de manière symbolique la défaite du gouvernement. Sa politique est battue en brèche. La canaille. Moscovici a beau gromeler à Bruxelles, la France dépassera les 3% de déficit, plus que l’Italie…
Les cheminots en grève en Allemagne ont enfilé le gilet jaune dans les manifestations. Nul ne sait si le mouvement va enjamber les fêtes. Mais ce qui est acquis est considérable : le mouvement des gilets jaunes, la démocratie directe des ronds points est en soit une victoire considérable. Sans suppliques aux directions syndicales, ils ont combattu et remporté des premiers résultats. Ils ont affronté le pouvoir néo-libéral et l’ont fait reculer. Le gouvernement est mort. Macron acculé dans un coin du ring.

La faiblesse saute aux yeux. Elle n’est pas celle des gilets jaunes. C’est le soutien sans participation des salariés. L’opinion, malgré l’attentat de Strasbourg ne lâche pas. Mais les salariés une fois encore restent l’arme aux pieds. Hors de quoi, sans exagérer, la situation basculerait totalement et pourrait assiéger la forteresse du pouvoir, l’Élysée.
Aider effectivement à la mobilisation des salariés exige de rompre avec l’habituelle supplique aux directions syndicales : s’il vous plait, organisez une grève générale, au moins une journée…

Les gilets jaunes ont montré la voie. L’action unie, l’action réelle, engagée par le bas peut seule débloquer la situation, arracher les revendications. Les directions syndicales – de plus en plus pourris – se sont dressés… contre la mobilisation réelle, donc il faut agir. Prendre l’initiative de mobiliser. Dans le cas contraire, passé la tempête, le pouvoir repartira à l’assaut.

Je croyais qu’après les concessions de Macron, la mobilisation retomberait. Erreur. La pugnacité est enracinée. Les femmes et les hommes exploités, socialement écrasés, les riens de la société se sont rassemblés ; ils se découvrent, se parlent. D’habitude isolés dans la précarité, au foyer, à la retraite, les gilets jaunes se sont politiquement socialisés, politisés sur les ronds points. Quel magnifique mouvement. Quoi qu’il se passe demain, cette pugnacité aura des lendemains victorieux.

Le 11 Novembre, Macron, s’exprimant devant la plupart des Chefs d’États du monde réunis à Paris, fixait pour le monde un projet stratégique.
Hier, lors de la dernière réunion européenne de l’année, il rasait les murs, tancé par l’Italie, admonesté par l’Allemagne…
Comme Renzie, Macton a été abattu. Il n’est pas impossible cette fois d’achever le travail en 2019. Décidément, cette fin d’année est heureuse politiquement. À samedi.

ps : peut-être pourrons-nous nous décider d’éditer une brochure du Club avec tous les textes écrits dans la dernière période ?

JK

***

Jeudi 13 décembre

Aujourd’hui le bilan est de :
7 morts
1407 blessés
4500 interpellations.
Les gilets jaunes appellent à témoin, mais le responsable est localisé.

Aujourd’hui, le porte parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, se répand sur les ondes pour dire qu’il faut passer à la deuxième phase du mouvement, arrêter les manifestations, discuter et s’organiser. Poussez-le un peu et il vous dira comment faire une liste aux européennes, comment changer son gilet jaune pour une cravate jaune et se noyer dans le jeu de la représentation. Les volontaires peuvent toujours prendre conseil auprès d’Arlette Laguillier, Alain Krivine ou même Jean Luc Mélenchon.

Hier, Serge July, homme d’expérience, indiquait la voie à suivre (conseillait dit-il). NE PAS MANIFESTER SAMEDI (pour rester populaire). Faire des assemblées de rond point, établir les revendications, élire des délégués, construire une représentation. ET puis pourquoi pas une liste… Le nombre de conseilleurs qui réinventent les schémas de lutte du temps de la marine à voile est considérable, le premier conseil étant toujours : calme, respect et dignité. On enlève son chapeau (son gilet), on salue, on lit sa supplique et on se retire en disant merci. La révérence, c’est pour les femmes ; pour les hommes, un signe de tête suffit.

Circulent aussi des appels type à la structuration horizontale, parfait dans la conception comme dans la rédaction. Comme les lettres type de candidatures. Mais ces appels ne sont pas repris. Pourquoi ? La lutte est vivante, elle a son rythme propre. Cette lutte ne se conçoit pas comme une lutte classique : révolte, structuration, prise du pouvoir. C’est une lutte des « sans part » qui ne demandent pas à participer mais à être entendus sur leurs revendications maintenant toutes connues. Qui ne demandent pas à devenir une des composantes de la représentation néolibérale (dans le rôle du bouffon bien sûr) mais veulent exister pour eux- mêmes. Ils se sont rendus visibles, ils se sont reconnus ; maintenant ils veulent vivre pleinement et penser par eux- mêmes. Bien sûr, certains céderont à l’hubris, à l’appel des chimères et retomberont dans les culs de basse fosse du néolibéralisme. Mais l’heure n’est pas à la distinction.

« Macron démission ! ».

Dans leur volonté de constituer le modèle parfait, certains appels prônent l’élection de délégués porteurs de mandats impératifs. A l’heure de l’informatique et des réseaux sociaux, cela s’appelle faire un sondage. Le mouvement va plus vite que toutes organisations, tous programmes. Je le dis de ma place, assis devant mon ordinateur. Mon quartier, malgré le règne des Tibéri, n’a pas été doté de rond point. A moins qu’il y ait une autre raison ?

Cette boutade pour dire que les injonctions à participer ne sont réalistes que si cela se fait « naturellement ». Le mouvement se contrôle lui même, quel que soit leur discours, les gilets jaunes « compradores » seront rejetés.

Mais alors, comment faire ? Tout faire, tout essayer. Saisir toute, les opportunités. Se parler au delà de la portée de la voix avec toutes les techniques possibles. Ne pas oublier de tenir informés les militants qui, de l’étranger, regardent vers la France. Savoir qu’il n’y a pas d’outils démocratiques dans l’arsenal néolibéral. Inventons. Voilà, moi aussi, je me mets à donner des conseils, mais au moins ils ne sont pas directifs.

Les étudiants manifestent, les lycéens bloquent, les ronds points tiennent. Ceux qui veulent que tout s’arrêtent pendant la « traque » trépignent. Lycéens ! A genoux ! Ces gens grossiers et vulgaires vous demandent le respect !

Samedi : Acte V.

***

NB pour mardi 11 : Je viens d’apprendre que Nicolas Sarkozy avait fait une visite à Macron vendredi dernier. Donc, ni étonnement, ni stupéfaction. Nicolas Sarkozy a souri, satisfait, à l’écoute des mesures annoncées.


Mercredi 12 décembre

Triste, effroyablement triste. Une journée triste et anxiogène avec un fort sentiment de dégoût.

Un homme a tiré dans la foule aux abords du marché de Noël à Strasbourg. Plusieurs morts, une dizaine de blessés graves. A cette heure encore, les informations varient et évoluent.
Le sujet de ce journal n’est pas le terrorisme mais il est bien évident que cet attentat va peser sur le mouvement des gilets jaunes et sera instrumentalisé de toutes parts.

Je citerai un tweet :

Marwan Mohammed (@marwanormalzup)

11/12/2018 22:27
Terrorisme à #Strasbourg. Triste pour les victimes avant tout. Le reste ne sera que défilé d’experts en carton, de complotisme à la tonne, d’opportunisme politique et de conséquences racistes. Quand aux colères sociales...

Marwan Mohammed a réagi immédiatement et sa réaction est saine. Nous reviendrons sur le futur de la colère sociale plus tard. La place qui va lui être assignée par la presse et les politiques dépend aussi grandement de sa puissance et de sa vivacité. Examinons ce chant dans l’ordre de l’énoncé.

Le complotisme est amplifié par l’emploi des réseaux, c’est une évidence. Mais son ampleur considérable est à la hauteur de la rage qu’il exprime. C’est un poison politique. Certains s’en servent, d’autres le répandent.

Les experts ont campé dans les studios toute la nuit. Toujours la même camarilla de spécialistes du pôle « Police Justice ». Ces analystes s’entendent à porter les premiers coups à la révolte sociale. Georges Fennec, le spécialiste du PR, dit ouvertement que les effectifs de police mobilisés pour contenir les « gilets jaunes » ont été enlevés à la protection des français contre le terrorisme. D’autres s’engouffrent dans la brèche. Rien, bien sûr, sur la DGSI qui aurait sans doute eu mieux à faire que de suivre Coupat.

Ce matin, vient le temps de la morale et des injonctions. Apathie Jean-Michel, toujours lui, trompette sur Europe 1 que les responsables des gilets jaunes (sic) devraient appeler à ne pas manifester samedi, par décence. Pas ne pas appeler, non, appeler à ne pas !
Par décence. Par « respect des convenances », par « pudeur » dirait le Larousse ? Non, Jean Michel est un journaliste politique, plus p cultivé sûrement. Il doit faire référence à cette notion d’Orwell mise aujourd’hui un peu à toutes les sauces : the Common Decency.
« Ayant longtemps vécu auprès des classes populaires d’Angleterre du nord, Orwell pense avoir constaté l’existence d’une common decency propre aux ouvriers. Ces derniers, de par leur condition, seraient plus enclins que les autres à une forme de « décence ordinaire », à l’entraide, à la fraternité, à un comportement « moral » ». Extrait d’une analyse de Le vent se lève.
Il s’agirait donc d’un comportement moral, d’une fraternité, d’une entraide propre à une classe, à un milieu. Quel rapport avec le terrorisme ? Quel rapport entre le terrorisme et les gilets jaunes ? Moralement, politiquement, humainement, que l’on soit « gilet jaune » ou pas, le terrorisme est condamnable, sans réserve. Apathie ne serait-il pas en train d’insinuer un argument puant. Je parlais de perversité hier. Apathie n’est pas le plus pervers, beaucoup le sont davantage. Il est juste le moins malin donc le plus cash.

Marwan Mohammed a raison de craindre des conséquences racistes. Mais le racisme n’est pas un invariant. Il s’exprime différemment suivant les moments et en particulier lors des grandes luttes politiques et sociales. Macron le sait bien, lui qui a essayé de ramener immigration et identité nationale sur la scène politique alors qu’il n’en était plus question depuis un mois.
À ce propos, le fait que l’association « Justice pour Adama » et que des collectifs de quartiers aient rejoint le mouvement, qu’ils aient organisé par deux fois une manifestation au départ de la gare Saint Lazare est d’une importance considérable. La question de la racisation est sortie des amphithéâtres de sociologie, et ceux qui la portent l’ont mise dans le pot commun de la lutte contre la domination. De même, il ressort d’une étude de sociologues publiée hier dans le Monde que la grande masse des gilets jaunes n’avait pas d’engagement politique, ne votait pas et que lorsque certains étaient politisés, c’étaient plus à gauche qu’à droite ou qu’à l’extrême droite. Aujourd’hui, lorsqu’ils revêtent leur gilet, ils se parlent, ils échangent, ils font société. Le racisme court sur les peurs, les ignorances mais aussi sur la haine de soi, le repli autarcique. La fraternité, l’entraide, la lutte commune, permettent d’aborder toutes les questions, hors de tout anathème.

Certains beaux esprits tentent de refaire « Je suis Charlie ». Retrouvons nous, tous ensemble, autour des valeurs de la République. Lors des attentats de Paris, « Je suis Charlie » fut massif, pour défendre les libertés, mais surtout pour dire que les terroristes étaient rejetés, exclus. Il fallait le faire, il fallait le dire.
Mais aujourd’hui, il ne peut s’agir que d’un appel à l’unité nationale autour du Président. D’ailleurs ne dit-il pas lui-même : « La menace terroriste est toujours au cœur de la vie de notre Nation » ? Non, aujourd’hui le cœur de la Nation, pour reprendre son expression, bat avec ces milliers de personnes qui se retrouvent sur les ronds points, dans les usines, sur les places de villes et de villages, qui parlent, échangent et se découvrent. C’est cette « nébuleuse » dont parle Rancière qui crée « une scène de parole » et pose de fait l’exigence d’égalité. Pour être emphatique comme Macron, je dirai que le cœur battant de notre pays est là, avec les « gilets jaunes ». La menace, l’ombre de la mort, est un voile manié par Macron pour étouffer la pulsion de vie qui jaillit du mouvement.

Depuis près d’un mois maintenant, il est difficile de prévoir, d’un jour à l’autre, la tournure que vont prendre les événements. Mais une chose est sûre, le mouvement ne prendra pas les chemins balisés à l’avance par les idéologues de Commercy ou d’ailleurs. Il n’est pas non plus un film de Sovietexport. C’est la vie chaotique, violente et maladroite et c’est surtout la prise de parole des « sans part ».

« Aristote disait que le citoyen est celui qui a part au fait de commander et d’être commandé. Il n’y a pas vraiment de politique quand le pouvoir appartient aux descendants des fondateurs supposés de la cité ou à des monarques de droit divin… La politique pour moi commence avec la démocratie parce que la démocratie est le pouvoir de ceux qui n’ont pas de titre particulier à exercer le pouvoir ; elle est la reconnaissance du pouvoir de « n’importe qui ». Rancière Revue Sciences humaines 2011.

Ces « sans part » toujours selon l’étude du Monde, ce sont des employés, des ouvriers, des auto ou petits entrepreneurs, des chômeurs. Ce sont ceux qui n’ont pas « part » à la vie de la « Nation ». Ils ne participent à aucunes négociations, ne sont jamais consultés en dehors des injonctions électorales, se taisent et se murent dans leur solitude sociale. Ce sont ces gens qui forment mouvement et qui clament leur volonté de vivre dignement.

Des revendications, ils en ont quarante deux. Mais un point ou deux d’augmentation sur une prime a t-il un sens en regard d’une liberté retrouvée ?

Nous vivons un moment étrange. Deux parties du pays se sont désaccouplées, elles pensent et vivent chacune dans un temps et dans un espace différents. Or, La rationalité néolibérale ne peut admettre qu’une partie fasse sécession et ne joue pas son rôle. Et surtout, qu’une fraternité, un espoir, une pensée échappent à son contrôle. L’égalité, une révolution a été faite en son nom ; que nos gouvernants ravale le mérite, l’équité, l’égalité des chances, le ruissèlement…

Les gouvernants et ceux qui fonctionnent avec eux, vont inlassablement jeter leur réalité faite de chiffres et de gouvernance, à la tête des « dissidents ».

Quel effet la tuerie de Strasbourg produira-t-elle sur la situation ? Combien de temps les lycéens tiendront-ils ? Les enseignants et la fonction publique déborderont-ils les restrictions (consignes) syndicales ? Quelle forme prendra l’acte V ? A cette heure nul ne le sait.

Mais un moment étrange est apparu.

Et son souvenir existe déjà

***

Mardi 11 décembre

L’acte 4 est clôt depuis hier 20h20.

Le brigadier annonce l’acte 5.

Hier, à 20 heures, le journal s’interrompt. Marseillaise et photo fixe, un peu sombre de l’Élysée surmonté de son drapeau, façon ORTF.

Une image apparait. Un homme petit, les mains à plat sur le bureau, le dos bien droit.

Et la Parole tombe.

Le discours annoncé comme le plus important du quinquennat doit être compris de tous et surtout de ces gueux qui campent sur les ronds points. Aussi a-t-il été écrit à la truelle sémantique.

Quatre parties :

1°_ Les violences. La République en danger. La répression sera terrible.

2°_ On s’aime en fait mais on ne s’est pas bien compris. Je ne suis rien sans toi. C’est ma faute, « mea culpa, mea maxima culpa ». Bon, tu m’as compris.

3°_Etat d’urgence sociale (mais tout le monde a entendu État d’Urgence).

Quatre « mesures » : Smic, plus 100 euros.

Arrêt de la baisse de la CSG pour les retraités ayant moins de 2000 euros de revenus.

Défiscalisation des heures supplémentaires (Copieur hurle Sarkozy devant son poste).

Et une prime de Noël (non imposable) offerte par les patrons qui le peuvent et le désirent.

Et un petit laïus sur les hauts revenus qui devront s’associer à cet effort, un jour, je ne sais pas encore comment.

4°_ Il faut donner un sens à ce profond changement social et démocratique. J’

organiserai avec les maires (catégorie cible du moment) un grand et large débat sur tous les sujets capitaux : les revenus, les retraites, la réforme de l ‘État, le code électoral etc. et… last but not least, goutte de goudron, bave de crapaud, trait de nitroglycérine dans la potion magique, sur l’ « identité profonde » de la France et sur l’immigration. (Là, Sarkozy en reste bouche bée devant son poste).

Aussitôt après les premières trompettes, Apathie jean Michel et consoeurs, l’orchestre des journalistes assis, entonne le Gloria in excelcis Macron. « IL vous a entendu, quels grands et nobles gestes, et si après cela vous ne rentrez pas chez vous alors vous êtes des gueux, des incultes, des gens de sacs et de cordes… « 

Sur les mêmes plateaux de télévision, au même moment, des gilets jaunes commencent à émettre des doutes, à décortiquer les mesures annoncées. Mélenchon tonne à juste raison et les réseaux crépitent.

Jamais enfumage n’est balayé en si peu de temps par le vent. L’intelligence collective des hommes et des femmes debout réduit à néant les efforts des « intelligents assis ».

Tout le monde comprend : pas de hausse du SMIC donc pas de hausse des salaires mais une augmentation de la prime d’activité sous conditions et pas pour tous. Baisse de la CSG, non pas pour les retraites de moins de 2000 euros mais pour les revenus de moins de 2000 euros et encore si le conjoint ou la conjointe… Et même les sourds entendent : pas de suppression de l’ISF, du CICE, pas d’augmentation des salaires, pas d’indexation des pensions sur l’inflation, pas de mesure sur le climat. Écologie, mot banni. Exil fiscaux, mots honnis.

Au même moment, le Sénat vote une diminution de l’Exit tax.

Jamais le vent de la révolte n’a dissipé les brumes du discours présidentiel aussi vite. La conscience que cette crise est une crise de système puis de régime est de plus en plus claire.

Une majorité de français soutient toujours les gilets jaunes. Le nombre faiblit certes. Les petits boutiquiers d’abord favorables voient leur chiffre d’affaire chuter. C’est une réalité et cela tord le cou aux fines gâchettes politiques qui voyait il y a peu un mouvement poujadiste. La situation se tend encore et se clarifie.

Un mot sur les intentions perverses de cette bonne et belle personne qui nous gouverne. Comme tout le monde, Macron a remarqué qu’une partie des gilets jaunes se sent proche de FI, une autre de RN quand une dernière ne se sent proche que d’elle- même et ne compte que sur elle. Pour cette dernière, il ne peut pas faire grand chose à part démissionner mais pour les deux autres, il va sortir son diabolique débat sur la laïcité bafouée et sur l’identité nationale des profondeurs. Il va tenter de faire remonter la vase.

Macron, caché derrière ses airs de joueur de bonneteau et son discours évangéliste, cherche en fait l’affrontement. Son arme est le poison avant les chars samedi et les arrestations préventives.

Aujourd’hui, les lycéens avec leur mardi noir ouvrent un nouvel épisode. Les enseignants, les travailleurs doivent les protéger. Les consignes de l’Incendiaire sont strictes. Combien de morts, combien de jeunes mutilés, gazés, embastillés encore ?

Attention, le Pervers de l’Élysée n’est pas Pépère !!!

Breaking news. : En Égypte où se trouve actuellement Le Drian, pour acheter un gilet jaune il faut maintenant une autorisation délivrée dans les commissariats. J’espère que le ministre va ramener l’idée à Paris.

***


lundi 10 décembre

Comme chante Mickey 3D « La France a peur tous les soirs à 20heures »

Et, aujourd’hui Macron est annoncé à 20h.

Mais avant, quelques impressions sur le dernier week-end, l’Acte IV comme il est convenu de l’appeler.


Dimanche 9 décembre

C’est le temps des commentaires, des analyses et des suppositions. Une industrie de la petite phrase, un commerce d’avis sûrs et de bavardages tarifés.

Que retenir ? Dans le désordre :

Certains piliers de la Macronie commencent à trembler. Il faut un nouveau contrat social dit Le Drian. Dribbles et passements de jambes de certains députés : Rien n’est exclu. L’ISF pourquoi pas ? Le smic à voir ?

Les proches mandatés par le « boss » mettent immédiatement le holà. L’ISF, on n’y touche pas (Bruno le Maire). La hausse du SMIC, ce serait des emplois en moins (Muriel Pénicaud). Mais alors, le cap c’est : droit devant ?

Mélenchon garde le sien lors de la réunion de Bordeaux qui a désigné la liste pour les Européennes. Dissolution de l’Assemblée nationale.

Ici, je ferai une remarque. On ne peut pas dans une grande envolée démocratique demander la dissolution de l’Assemblée sans demander le passage au scrutin proportionnel. Cette exigence ne peut se faire qu’en avançant vers une situation à l’italienne. Peut-être un passage obligé mais les militants et les dirigeants sauront-ils gérer une situation aussi complexe ? Pour le moment, la question de la sortie de crise, c’est pour Macron. Le cœur du problème, c’est la question sociale et démocratique, pas celle de la représentation et des formes gouvernementales.

Un sondage vient de paraître avec l’hypothèse d’une liste gilets jaunes aux européennes. FI serait alors sous les 10%, devancée par LREM, RN, EELV, GJ. Bien sûr les sondages !

J’ai alors regardé la liste conduite par l’ancienne responsable d’OXFAM, Manon Aubry, très au fait des dossiers et avec un vrai talent de débatteuse. Cette liste respecte absolument la répartition géographique mais a-t-elle un rapport avec la sociologie des masses en fusion ? Je ne parlerai pas des difficultés et des aléas dans la constitution de la liste. Cela ne me regarde pas.

Des nouvelles de l’ancien monde tragique et dérisoire.

Jean Christophe Cambadélis a publié une lettre ouverte à Macron pour demander la formation d’un « gouvernement de Concorde Nationale ».

Henri Weber a dit : « En 68, on ne pillait pas ». Certes il n’en a jamais eu besoin !

Attali : « 68 c’était un mouvement de jeunes, les gilets jaunes c’est un mouvement de vieux » à moins que l’âge ne commence à voir des effets sur lui.

Cohn Bendit a… non assez ! Pas encore Goupil ! Juste, à propos de 68, j’aimerais rendre hommage à Jacques Sauvageot, décédé l’année dernière, qui lui a toujours su rester digne et honnête.

Julien Coupat a été relâché. II aura un rappel à la loi (pas de rires). Un moment, il a été question de le mettre en examen. Excusez moi, j’ai la vision de Castaner en Alliot Marie. Gêne.

Macron va recevoir les forces vives, les corps constitués, les syndicats, enfin tous ceux qu’il a méprisés depuis presque deux ans. Il va les recevoir tous ensemble. Mépris encore !

Il va écouter. Sait-il écouter ?

Solidaires a refusé l’invitation à l’inverse des autres syndicats. Ils ont eu raison. Leur communiqué précise qu’ils soutiennent les luttes et appellent « à la fédération des colères ». Un appel à la grève aurait-il risqué d’être suivi ?

Les syndicats appellent toujours à une journée d’action pour le 14, et, pour être sûr que la manifestation soit massive, la CGT appelle à la grève de la SNCF et de la RATP. Pour rappel, lors des manifestations ouvrières à Paris, les métros circulaient pour amener les travailleurs sur le lieu de rassemblement. Autre temps, autre époque.

Les syndicats enseignants comme Sud Éducation se tiennent auprès des lycéens toujours en grève lundi et appellent à la grève le 14 « pour préparer… »

Demain, il sera temps de décortiquer les annonces présidentielles, de faire un recensement des grèves et des actions de ce lundi.

Mais d’ors et déjà, je doute qu’un simple appel à un acte V suffise. Même sous la forme d’un pot de départ.

Macron statue de marbre ou statue de sel ? A l’acte V de Dom Juan, la statue du Commandeur tombe en enfer, alors ?

« La France a peur tous les soirs à vingt heures » Macron aussi.

Il serait temps d’ « aller décrocher la lune ».

Samedi 8 décembre

La France rayonne dans le monde entier. Des images de la descente des Champs Élysées par des véhicules blindés et des robocops de la police, des vidéos de voitures en feu, d’interpellations violentes et bien sûr celle, stupéfiante, de la rafle de Mantes tournent en boucle sur les télévisions étrangères. J’allais oublier les charges de nos hussards de la Garde Républicaine !

L’ensemble de la rive droite est investi par les manifestants et principalement les trois arrondissements autour des Champs-Élysées. Une autre manifestation politique et écologique, partie de Nation, retrouve des gilets jaunes à République. Manifestation réussie, mais comme celle de la semaine dernière contre les violences faites aux femmes, manifestation secondaire. Il n’y aura pas de mélange vert jaune comme il n’y a pas eu de mélange violet jaune. Le mouvement social des gilets jaunes est primordial de par sa constitution sociale, son nombre et son dynamisme. Toutes les autres revendications, toutes aussi légitimes, toutes aussi importantes, ne peuvent avoir une chance d’avancer aujourd’hui que si elles sont portées sur une plate forme « gilets jaunes ». La question sociale est le moteur de l’affrontement contre le gouvernement néolibéral.

En province, l’intensité de la révolte est montée d’un cran. Images de Bordeaux, Nantes, Le Puy, toujours Le Puy, partout en France. Partout des affrontements violents. Mention particulière à Nice et Marseille où l’effondrement social a eu son expression cynique et dramatique. A Lyon aussi, mais la fête des Lumières a été maintenue. Encore un peu et on va penser que Colomb en était une !

Toute la semaine, la macronie s’est relayée sur les medias et a martelé un clou et un seul : Il va y avoir de la violence, nous ne pouvons l’accepter, nous mettrons la garde et l’arrière garde de la maréchaussée, les chars aussi.

Cette politique grossière et parfois efficace consiste à rabattre toute question sociale sur la violence qu’elle engendre. Dramatiser, frapper, faire du spectaculaire pour tenter de désolidariser des gilets jaunes la majorité « pacifique »qui les soutient. Parfois cela marche, mais il ne faut pas attendre trois semaines. Les gilets jaunes ne sont pas que des images à la télévision, ils existent en chair et en os dans toute la France. Tout le monde en connaît un.

Mais cette politique a aussi pour but de présenter les politiques de répression, les levées des libertés démocratiques comme normales. C’est un pas de plus vers la « société de contrôle » théorisée par Giorgio Agambem. Tiqqun aussi a abordé largement la question de la violence dans les rapports sociaux. Tiens, Julien Coupat est en garde à vue préventive !

Des chiffres aussi. Comme la semaine dernière, le nombre de manifestants donné par Castaner est faux, par volonté politique évidemment mais aussi parce que le comptage est impossible. Disons que d’une semaine sur l’autre la tendance serait plutôt au renforcement malgré le matraquage médiatique sur la violence et les portraits à charge des « porte paroles » des gilets jaunes.

Les vrais chiffres sont : 1082 interpellations

974 gardes à vue

268 déférés au tribunal.

Et… des arrestations préventives justifiées sans état d’âme par la ministre de la Justice.

Le gouvernement veut montrer sa force. Il n’est pas sûr que cela soit un bon calcul à plus long terme. Mais un premier effet a été de resserrer autour des forces de l’ordre, de l’État et donc de Jupiter, les partis traditionnels, chacun entonnant la démocratie en danger et gloire à nos vaillants pioupious, pardon, pandores. De Wauquiez à Faure, les flèches de l’arc républicain.

Une pensée particulière pour les CRS, gendarmes et policiers qui n’étaient pas là, victimes d’une soudaine épidémie de jaunisse.

Une autre pour nos amis de la Réunion, de la Guadeloupe et de la Martinique qui ont à subir la politique néocoloniale de Paris et qui connaissent bien ces engins bleus, un peu vieillots, émettant des gaz pestilentiels visibles à l’image. Les voir sur les Champs Élysées a dû les étonner. A moins qu’ils ne se soient dits, à juste titre, qu’une des caractéristiques d’un pouvoir néolibéral c’est de traiter son peuple comme une population coloniale.

Macron, rempart de la démocratie contre l’avancée des populismes et contre les régimes « illibéraux » est la risée des Erdogan, Poutine, Trump, Orban, Savini… sa carrière internationale s’est arrêtée hier.

Les manifestants revendiquent une victoire de la mobilisation, le pouvoir, une résistance héroïque et une victoire « militaire ». Journée des dupes ou simplement acte IV qui ne trouvera sa fin que lorsque Macron sortira de son mutisme, lundi vers 20heures.

L’acte IV durera trois jours, l’unité de temps n’est pas respectée, l’élève modèle s’embrouille.

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Vendredi 7 décembre.

Et si une vidéo d’une minute vingt devenait l’objet iconique de ce que les historiens appelleront peut-être, un jour, les « journées de décembre » ou la « révolution de 18 » ?

En effet, une simple vidéo, tournée probablement par un policier fascisant, avec ses commentaires glaçants, a fait en un éclair le tour du net. C’est une première en France. Ce phénomène avait été observé lors des révolutions arabes. C’est un marqueur évident de l ‘époque. Après les journaux de 1792, les peintures de 1848, les photos de la Commune, les actualités de 17 ou 36, le monde néolibéral permet la sortie démultipliée d’une vidéo tournée par un acteur direct de la scène.

Cette vidéo a du sens. Chacun peut y projeter ses images personnelles, les rafles de la 2ème guerre mondiale, le Chili de Pinochet, Daesh et ses prisonniers, et bien d’autres encore…

Cette vidéo est déjà rentrée dans l’histoire et sera analysée plan par plan, phrase par phrase. Mais déjà nous y pouvons voir la haine de la jeunesse, le mépris pour les quartiers populaires, le racisme banalisé. Ce n’est pas une image de massacre, c’est son évocation.

Tout ce contre quoi se lèvent les lycéens qui sont, aujourd’hui, notre honneur et notre boussole.

Les explications factuelles (trop de monde, plus de menottes), les excuses a minima, les justifications tremblantes n’y feront rien. Cette séquence est historique.

A quarante huit heures des manifestations de samedi, cette image ne peut que renforcer la détermination des « gilets jaunes » et faire progresser encore la différenciation entre le mouvement populaire et la récupération populiste et fasciste.

Samedi sera un climax. C’est sûr. L’acte 4 d’une pièce ? Difficile de savoir si ce sera celui d’une tragédie classique en 5 actes ou le passage vers une narration qui commencera par la « chute de la maison Macron ». Les acteurs sont prêts.

Les pièces se disposent sur l’échiquier. Hier, les confédérations syndicales, ces grandes absentes, se sont réunies et ont publié un communiqué cédétiste. En résumé, on attend de voir, on est contre la violence et un petit « Grenelle » nous ferait du bien.

Un geste a été fait. « Je salue la décision de FO et de la CGT de lever le préavis de grève dans le transport routier, toutes les garanties ayant été apportées sur les heures supplémentaires. Le dialogue et l’esprit de responsabilité ont prévalu. »remercie Élisabeth Bourne , la ministre des transports.

Sud solidaires n’a pas signé le communiqué commun. Sud va-t-elle s’appuyer sur les mouvements en cours pour appeler à s’organiser sur son lieu de travail et à faire grève. Et bien non ! Sud appelle les confédérations à appeler ensemble à la grève générale. C’est un vaste jeu de rôle et chacun est à son poste.

Et si ce mouvement, premier de ce siècle en France par son ampleur, indiquait clairement la fin des politiques et des organisations de l’ « ancien monde ». Une révolte dans le néolibéralisme nettoie mieux que toute politique gouvernementale les scories du siècle précédent.

Tout est à inventer et la situation est dangereuse « pour ceux qui n’ont rien » mais aussi « pour ceux qui ont tout ». N’est- ce pas là, la définition actuelle d’une situation révolutionnaire ?

Enfin, demain n’est pas un autre jour, c’est samedi 8 décembre.


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6 décembre 2018

Il y a 32 ans, Malik Oussekine mourait sous les coups des « voltigeurs » de Pasqua.

Hier, Castaner annonçait que les forces de l’ordre devaient être plus mobiles ! Est-il besoin d’en dire plus ? Inénarrable Castaner !

Ce matin, cent quarante six (vous avez bien lu : 146) personnes interpellés devant le lycée de Mantes ! Les lycées, malgré la sauvagerie de la répression, se mobilisent de plus en plus. De nombreux parents, gilets jaunes ou non, les accompagnent.

Blanquer, sinistre ministre, devra rendre des comptes sur les violences contre la jeunesse.

Philippe fait un discours plein de fermeté devant le Sénat. Il ne revient pas sur les multiples couacs concernant les annonces des mesures prises par l’exécutif. Moratoire, retrait, suspension, ISF, pas ISF, ces beaux messieurs et ces belles dames n’en perdent leur latin. La crise de l’exécutif est criante. Macron, depuis son bunker, n’a plus qu’une carte à jouer, l’ultra violence. C’est lui, le chaos.

Tout tourne autour de la journée de samedi. Les yeux du monde entier et en particulier de ceux des militants qui ont à affronter un pouvoir fascisant, je pense à l’Italie, sont tournés vers Paris. Les émissions de télé se font sur fond d’affrontements. Comme en 1968, certains entendent déjà le raclement des chenilles des chars sur les boulevards. La dramaturgie est à son comble mais ce n’est pas du théâtre.

« Et le soir ils ne dinaient pas à l’hôtel où, les sources électriques faisant sourdre à flots la lumière dans la grande salle à manger, celle-ci devenait comme un immense et merveilleux aquarium devant la paroi de verre duquel la population ouvrière de Balbec, les pêcheurs et aussi les familles de petits bourgeois, invisibles dans l’ombre, s’écrasaient au vitrage pour apercevoir, lentement balancée dans les remous d’or, la vie luxueuse de ces gens, aussi extraordinaire pour les pauvres que celle de poissons et de mollusques étranges (une grande question sociale, de savoir si la paroi de verre protègera toujours le festin des bêtes merveilleuses et si les gens obscurs qui regardent avidement dans la nuit ne viendront pas les cueillir dans leur aquarium et les manger) ». A l’ombre des jeunes filles en fleurs. Marcel Proust

La question est posée et comme le dit Edgard Morin aujourd’hui : « On entre dans l’inconnu… »

Sinon ce matin les confédérations syndicales se sont réunies. Et alors ? Elles se sont réunies.

Les élections dans la Fonction publique se déroulent et on attendra lundi pour parler grèves ou journées d’actions.

Je viens de me rendre compte que je n’ai pas parlé de la France Insoumise aujourd’hui…

Aussi, je citerai Benoit Hamon : « à certains égards, ce mouvement qui mêle demandes sociales et démocratiques, ressemble aux »printemps arabes ».


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5 décembre 18

Nous avons retrouvé Macron.

Il était au Puy-en- Velay pour rendre visite au personnel de la préfecture incendiée. On aurait pu écrire un passage comique sur sa reconduite sous les huées, faire un jeu de mots sur la dentelle des petits marquis mais une grave nouvelle vient de tomber.

Deux lycéens ont été blessés à la tête par des tirs de flashball. L’un d’entre eux serait dans un état critique.

Depuis le 17 novembre le nombre de morts et de blessés graves s’accroit. Et maintenant, les CRS s’attaquent aux jeunes à la porte de leurs lycées. Des lycéens d’Ivry sont embastillés depuis quarante-huit heures.

Blanquer, le réactionnaire adoré des médias et Castaner, l’homme dont l’incompétence fait peur, devront rendre des comptes.

Le nombre d’incidents devant les lycées en grève augmente. Les facultés se réunissent.

Les confédérations syndicales se rencontrent jeudi. Des syndicats, CGT et FO des transports, Sud Santé appellent à la grève dimanche soir.

Et, la mobilisation ne faiblit pas sur les ronds points. Au contraire, l’annonce a minima du premier ministre l’a semble-t-il confortée. Et tout le monde a compris qu’en faisant le rapport direct entre taxe et service public il s’enferrait dans la doctrine. Aucune remise en cause.

La tension est de plus en plus palpable et la journée de samedi est en ligne de mire.

Il serait facile de se demander pourquoi les syndicats attendent dimanche pour appeler à la grève. D’autant plus que de nombreux syndiqués n’ont pas attendu leur direction pour agir. Ils sont sur les ronds points et ont revêtu un gilet, le jaune. Des personnalités et des militants appellent à la convergence des luttes. Toujours condescendants, ces appels conseillent et montrent une voie que les travailleurs, les retraités ont déjà empruntée. La convergence, elle est dans la rue, sur les ronds points. Elle est dans le mouvement qui s’élargit et se solidifie.

Bien sûr, ces appels partent d’une bonne volonté, reproduisent des schémas classiques et s’expliquent par le fait que ces militants ont, certes, connu des manifestations massives mais n’ont jamais assisté à la levée d’un peuple contre le pouvoir.

Difficile de faire face à une situation inédite. Cette remarque vaut également pour les gouvernants au parcours étoilé et pour les dirigeants rompus aux guerres de tranchées dans les bureaux.

D’autres textes exposent des situations exemplaires et cherchent à en tirer des leçons applicables par tous. Je pense au texte de Commercy relayé sur le net La démocratie communale, la fédéralisation des communes est effectivement un beau projet et je pense que cela doit être exaltant de construire la lutte en Meuse. Mais, passées les frontières de la ville ? Combien de temps pour structurer les autres quartiers, les autres villes. La démocratie pour le peuple et par le peuple, oui bien sûr. La démocratie part d’en bas, cent fois oui. Mais pour aller où ?

Pierre Blache, par exemple, est un spécialiste du confédéralisme communal. Il l’étudie au Kurdistan, l’analyse structurellement. Il faut bien reconnaître que ce n’est pas le pire des systèmes. Mais ici, nous sommes dans un mouvement qui s’amplifie et qui n’a pas de temps devant lui.

Quels débouchés politiques alors ?

La convergence, les doléances collectées, les relations coordonnées ? Tout cela a été fait.

Certes, ce n’est pas la bonne couleur, c’est un peu de guingois théoriquement. Mais comment aider sans ratiociner ?

Les gilets jaunes ne veulent pas de délégués, refusent de faire confiance aux organisations politiques. Ils ont trop soufferts. Ils ont trop souvent été trahis.

Au moment où Philippe « propose »des états généraux avec toutes les structures néolibérales, les gilets jaunes, ces nouveaux sans-culottes, peuvent avancer vers des États généraux du Tiers , des États Généraux du Peuple.

Si un appel devait voir le jour, ce serait pour l’organisation d’États Généraux du Peuple.

Il est certes difficile de rendre ce projet vivant, horizontal et sans enjeu de pouvoir. Mais c’est possible pour satisfaire les besoins sociaux et aussi pour construire la démocratie réelle. Les ressources modernes peuvent être mobilisées Ce n’est que du mouvement que naissent des formes constituantes.

Ce n’est que du mouvement que nait un pouvoir antilibéral.

Sinon, cet après midi l’assemblée nationale s’est réunie. Il est toujours intéressant de voir comment, dans une période de crise, ces débats sont irréels. Comment faire semblant de répondre sérieusement à un premier ministre en sursis. Mais la comédie du pouvoir ne fait pas rire en ce moment. Pourtant tous la joue.

Macron vient de recadrer ses ministres après le débat. Il faut tenir.

Mais la politique de la tension n’est possible que si l’on tient ses troupes. Or, l’UNSA Police a refusé la prime. Le syndicat Vigi-ministère de l’Intérieur a déposé un préavis de grève illimité à partir de samedi. La haute fonction publique n’a plus confiance. Mais, c’est dans ces moments que tout est possible.

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4 décembre 2018

Le premier ministre a donc parlé. Un moratoire de six mois sur les taxes et les hausses prévues. Après trois semaines de mobilisation populaire, la proposition pour ouvrir un très éventuel débat avec les gilets jaunes, c’est de dire : « on suspend les dernières mesures et on continue comme avant ». Pas de hausse des salaires, pas de retour à l’ISF. Rien, circulez et n’oubliez pas de dire merci de nous avoir écoutés.

Réaction immédiate sur les ronds points : « c’est trop tard et trop peu ».

Même le MEDEF ou les économistes « macroniens » pensent qu’il faut donner d’avantage.

Pourquoi le pouvoir se raidit-il sur cette position ? Pas à cause d’un enjeu économique puisque les plus orthodoxes des libéraux reconnaissent que la ligne des 3% de déficit est franchissable en cas de danger politique. C’est un raidissement idéologique. Le TINA de Thatcher à la sauce Macron.

D’ailleurs, les seules apparitions publiques de Macron auront été dans les casernes. Il faut tenir face au peuple.

Le nombre de lycées mobilisés dépasse aujourd’hui les deux cents. Les manifestations de jeunes irriguent les villes de province. Hier, lycéens et agriculteurs se sont retrouvés devant plusieurs préfectures. Rencontres improbables en dehors d’un mouvement hors norme.

Castaner est auditionné. C’est pagnolesque. Il est le premier à savoir qu’il n’a pas la confiance de la police. D’ailleurs pourquoi cet appel à l’armée de la part d’Alliance ? Ce n’est pas qu’une question d’effectifs pour ce syndicat très, très à droite. De Villiers m’entends-tu ?

Castaner voulait interdire la manifestation au moment de la COP 24.

Castaner, rejoint par Philippe, veut que les manifestations soient déclarées en préfecture.

Castaner….

4 morts et le fils de madame Zineb, qui a été tuée à Marseille, n’a toujours pas de visa.

Castaner !

Donc, la mobilisation continue. Les « revendications » sont connues et publiées sur la toile.

D’autres secteurs professionnels sont prêts à rejoindre le mouvement. Les agriculteurs, les étudiants, les ambulanciers, les infirmières … à gauche, à droite, de bien loin.

La fameuse « convergence des luttes » conçue comme une réunification dynamique du mouvement ouvrier est submergée par la masse des victimes du néolibéralisme. Mouvement possible car mu par la déferlante : Macron démission.

Au fait, où est Macron aujourd’hui ?

L’attente de samedi sera longue, en particulier pour le pouvoir.

On a déjà oublié qu’hier Philippe (pourquoi Philippe ?) a reçu les chefs de partis.

On a déjà oublié les pas de deux à gauche sur une éventuelle motion de censure.

On a même oublié les noms et les visages, à l’exception notable de celui de Marine Le Pen, de ces gens qui ont monté puis descendu le perron de Matignon (pourquoi Matignon ?).

Dans l’attente, des questions se posent, des suppositions apparaissent.

Une situation à l’italienne est-elle possible ? Cela mérite réflexion, car si LAREM s’effondre dans les sondages, les deux seules formations qui résistent sont le RN et la FI.

Certes Marine le Pen n’a pas (encore) le soutien du patronat et en particulier de celui du réseau de la petite industrie et Mélenchon n’est pas Beppe Grillo (il essaie d’être drôle parfois) Quant à son mouvement il a une base plus étroite. Mais la question mérite étude sous l’angle de comment ne pas se faire déborder par des formations opportunistes.

Donc nous revenons et reviendrons sur la question de la démocratie véritable à la base et contrôlée par elle. Des propositions émanent de certains villes, de certains secteurs, de certains ronds points : référendum, tirage au sort, circulation horizontale … Il faut écouter. Surtout ne pas plaquer des schémas rigides sur une situation en fusion.

Et entendre ce formidable cri : « MACRON DEMISSION ».

Demain est improbable même dans le calendrier de l’Avent.

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3 décembre 2018

Plusieurs questions restaient en suspend à la veille du week-end.


Les lycéens en grève et en manif vendredi soir (voir carte UNL) poursuivront-ils lundi ? La réponse est oui. Et parti de province, le mouvement arrive en banlieue parisienne.
La manifestation appelée à Saint Lazare par les cheminots, le comité Adama et d’autres collectifs, sera-t-elle suivie massivement ? La réponse est positive et nous avons vu se constituer un cortège conséquent.
Renault Cléon a débrayé vendredi. Pas de nouvelles récentes.

Divers documents font l’historique des événements et le recensement des actions dans toute la France. Pour Paris, le document publié par Info Luttes est essentiel car il permet de saisir l’état d’esprit et le niveau politique des manifestants.

Sur le déroulement des événements, quelques points d’interrogation.

Au début de la matinée de samedi, comment ce fait-il que, dès neuf heures, des éléments connus et reconnus comme militants d’extrême droite ont pu se rassembler, s’équiper et monter à l’assaut de l’Etoile ? Les assauts et contre-assauts ont été filmés toute la journée par les chaines d’infos (des caméras sur pieds étaient sur les terrasses comme pour l’arrivée du Tour). Les Déroulède du petit écran ont pu parlé de symboles piétinés, de violence aveugle etc.

Dès lors, il n’était plus possible de remplir la fan zone des Champs Élysées. Et contre toute attente policière, les groupes et les cortèges partirent sillonner la capitale.

L’insurrection submergea tous dispositif.

Une question ne se posait pas, c’était celle de savoir si le rassemblement /manifestation serait un tournant dans la situation. Son ampleur nationale et sa signification politique ne pouvaient pas être pronostiquées à ce niveau. Ce fut une insurrection, pas une manifestation, pas une colère sourde, une insurrection venue des couches les plus profondes de la société et fédérant tout ceux qui ne profitent pas de la « start-up nation ». Un rejet violent du pouvoir.

Face à un tel mouvement, alors que l’on pouvait penser que le pouvoir aurait recourt aux possibilités constitutionnelles (changement de gouvernement, dissolution… ), Macron se fige et s’enferme. Dimanche soir, il ne fut question que de recours à l’état d’urgence, de recours à l’armée, de pertes économiques et « patrimoniales » et, sur les chaines officielles, les journalistes de studio en écho, ne parlaient que de violences et de manifestants incapables de s’organiser et de comprendre les mesures prises par le gouvernement.

Ce refus violent de la part de Macron d’engager le dialogue, l’absence de pistes politiques ou de propositions de replis, à l’exception méprisante de demander à son chambellan de recevoir les partis et la « coordination » élue par le JDD, a fait monter d’un cran le niveau du ressentiment politique.

C’est bien « Macron dehors ! » qui est le mot d’ordre unificateur. Mot d’ordre à la hauteur du mouvement en cours. Cela ne veut pas dire qu’il s’agisse d’un tout ou rien, le mouvement est en branle et la classe dominante ne se cachera pas toujours derrière Macron. Mais c’est l’indicateur du niveau de conscience.

Et Ruffin a raison de le dire, même seul, même maladroitement, à deux pas de l’Élysée. Et Édouard Louis et ses amis ont raison de faire circuler ce mot d’ordre sous forme de pétition.

L’insurrection qui n’est encore qu’un refus, une « sortie de gonds », est avant tout un mouvement. Difficile à suivre et surtout difficile à analyser.

Les assemblées populaires, comme à Commercy, sont très intéressantes mais le mouvement n’attendra pas la structuration « démocratique » des villes de province et des bourgs de campagne. Et, comment expliquer à ces gilets jaunes, à ces jeunes qui sont mobilisés depuis des jours, comment se structurer en constituant des « Communes », en récoltant des cahiers de doléances avec toutes ces revendications qui tournent sur la toile. La vie avance vite et n’attendra personne.

Ils ne veulent pas de chef, ils savent ce qu’ils veulent et ils discutent. Facebook tourne à plein régime, les lignes cryptées commencent à chauffer, ça circule.

Les périodes révolutionnaires ont été rationalisées a posteriori et ont fait l’objet de narrations diverses. Mais la période vécue est toujours bordélique, c’est un magma en fusion. Les narrations, c’est pour plus tard ou alors ce sont des narrations qui portent sur la transformation révolutionnaire, sur un avenir possible. Les vade-mecum d’autrefois ont le papier jauni.

Bien sûr, la question qui se trouve posée dans les usines, les facultés ou les administrations est de savoir comment continuer la lutte dans un tel contexte. C’est aux travailleurs de répondre. La grève donnerait un autre point d’appui au mouvement. Mais la grève même générale ne se décrète pas, elle se fait. « Noyer les feus » au temps du néolibéralisme est assez complexe.

Besancenot appelle à la grève générale, c’est bien.

Des appels circulent pour samedi en prévision d’un acte 4. Tout d’abord cela ne peut pas être un acte 4. Depuis hier, la crise politique est ouverte, ce ne sera pas une répétition, une suite.

Les modalités d’action se discutent et s’expérimentent in situ, en province et en banlieue.

C’est au jour le jour, heure par heure… l’avenir est volatil.

C’est aussi une course de vitesse. La police, les gendarmes le déclarent ouvertement : ils n’en peuvent plus. Les syndicats de policiers réclament des primes et les stocks de grenade se vident… Une vieille femme a été tuée à sa fenêtre, par un tir de grenade, une autre a été renversée sur un rond point, l’atmosphère s’alourdit dans les cars et les casernes. A ce propos, en 1968, Pier Paolo Pasolini disait : « Il faut conscientiser les CRS ». Alors, c’était stupidement prolétarien, ces fils de paysans pour la plupart n’avaient rien de commun avec les étudiants, enfants de la bourgeoisie. Mais aujourd’hui, les CRS, les gendarmes appartiennent au même groupe social que bien des gilets jaunes. On ne les « conscientisera » pas. Castaner et Macron ont, là aussi, du souci à se faire.

Sinon la CGT appelle à une grande journée d’action contre la vie chère le 14 ! Des échos du rassemblement à la République ?

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30 novembre 2018

J- 1.

Très clairement, c’est l’attente de l’occupation des Champs Élysées.

Castaner continue de compter les gilets jaunes à la baisse. Il fait le matamore, puis livre les Champs aux « piétons » (sic).

La question qui se pose en haut lieu : Tient-il encore ses flics ?

Hier, à la République, L’insoumis Ruffin a fait jonction avec lui-même. Le Paris révolutionnaire ne peut se résumer à trois ou quatre étudiants de l’EHESS. Les ateliers du Faubourg, les ouvriers de la Mouffe, les habitants de l’Ile Saint Louis ont fait faux bonds. Quelques discours tonitruants, quelques attitudes convenues devant un parterre de vieux abonnés. La cristallisation ne s’est pas faite.

En revanche, les facs bougent contre l’augmentation des frais d’inscription des étudiants étrangers. Macron veut des étrangers qui ont les moyens, pas ceux qui viennent d’Afrique pour passer leur master. Mais hélas, ceux qui ont les moyens vont aux États-Unis.

Scrogneugneu. En Gironde, des gilets jaunes d’un barrage sont mis en garde à vue. Tous ceux qui ont fréquenté ce barrage menacent de venir se constituer prisonniers à la gendarmerie. Panique générale à la Maréchaussée.

Le suppléant de Bruno Lemaire est surpris à conseiller des gilets jaunes pour le blocage de la Préfecture d’Évreux. Et oui, la droite parlementaire souffle sur les braises.

Le ministre des relations avec le Parlement agonit d’injures les députés LREM : incapables, opportunistes, lâches… Je crois que c’est pire encore. Ca sent le brûlé !

Les discussions gilets jaunes, de droite, de gauche et d’ailleurs continuent, continueront jusqu’au passage à l’acte (révolutionnaire ou non).

J-1, l’attente continue…

Un gilet jaune est venu à Matignon à 14h30. Il en est ressorti un quart d’heure plus tard. Philippe ne voulait pas se laisser filmer. Toujours, Philippe : « Les portes de Matignon sont toujours ouvertes ». C’est pour entrer ou pour sortir ?

Les exemples de faits ou d’actions hétéroclites et anachroniques se multiplient.

Le « temps sort de ses gonds « disait Derrida. Demain…

Une dernière chose, pour casser la linéarité des discours révolutionnaires. Quand le pouvoir sent le sable lui couler des mains, les Jupiter de la V° peuvent tenter un dernier coup de foudre : la dissolution de l’Assemblée nationale. Il faut anticiper. La menace d’un dépôt de motion de censure, aujourd’hui, est un peu décalée, camarade Clémentine.

Bref, on l’aura compris, à demain.

Il sera alors temps…

***

29 novembre

84%, vous avez lu 84% !

Bien sûr, c’est un sondage. Les Français agissent par procuration. Jamais contents… Les sondeurs s’épuisent en euphémismes.

Mais là, 84% de soutien aux gilets jaunes, c’est du jamais vu.

Un nom Romain Goupil, un lieu Cnews., une éructation.

Certains diront que c’est de l’acharnement. ET alors ?

« T’es qui toi ? T’es d’où ? Qui t’as élu ? »

Et si la réponse donnait une idée de la définition du « gilet jaune «  :

Je suis moi. Je viens de chez moi. Personne. Et d’autres termes, je prends la parole et je dis que ce n’est plus possible.

Bien sûr on peut complexifier en reprenant les deux catégories

- Anywher : Ceux qui sont adaptés au néolibéralisme, de nulle part et de partout.

- Somewhere : Ceux qui sont attachés à un lieu, qui ne peuvent suivre les injonctions du système

Goupil est définitivement un cas pathologique, Cnews un asile. Mais que dire de cette « société civile » qui soutient Macron ?

Sérieusement, la situation politique est à un tournant.

Fini l’étonnement, finie la sidération devant un phénomène nouveau. Ceux qui n’ont pas vu l’ampleur du mouvement ou qui ont cherché à le ranger dans leur herbier idéologique sont sur la touche. Les appels à l’unification multicolore volent comme feuilles mortes.

Le premier ministre reçoit vendredi mais qui s’en soucie ?

C’est samedi aux Champs Élysées. Et tout le monde appelle, CGT, Mélenchon, FI, bref tout ceux qui comptent un peu … Jamais les appelés n’auront autant tourné le bras des appelants.

Revenons sur un appel important

Le Comité Adama appelle à manifester samedi 1er décembre aux cotés des gilets jaunes.
Les quartiers populaires sont confrontés aux mêmes problématiques sociales que les territoires ruraux ou périurbains - dits "périphériques" - touchés par la politique ultra libérale de Macron.

Nous aussi nous habitons des territoires enclavés, même à proximité des grands centres urbains.
Nous aussi, habitant.es des quartiers populaires, nous travaillons le plus souvent dans les secteurs les plus précaires pour des salaires de misère.
Nous aussi nous devons parfois faire plusieurs heures de voiture pour nous rendre sur nos lieux de travail : dans des usines, dans des entrepôts, dans le nettoyage industriel ou encore dans le secteur de la sécurité. Pour beaucoup parmi nous, c’est aussi le chômage, qui atteint 40% dans certains quartiers.

À ces inégalités sociales, s’ajoutent le racisme, les humiliations quotidiennes et les violences policières. Violences policières auxquelles les gilets jaunes sont aussi confrontés aujourd’hui à leur tour. Après celui contre la loi Travail, c’est maintenant le mouvement des gilets jaunes qui connait cette répression.

Ne laissons pas le terrain à l’extrême-droite, et réaffirmons nos positions contre le racisme à l’intérieur du mouvement des gilets jaunes.
Faisons alliance à égalité, avec nos spécificités, contre le régime Macron qui détruit nos vies, et qui nous laisse agoniser chaque fin de mois pour parvenir à nourrir nos familles.
Nous appelons tous les habitant.es des quartiers populaires à venir massivement se battre pour leur dignité le samedi 1er décembre. Comme le font les habitants de La Réunion qui nous ont montré la voie.

Avec le soutien de l’Action Antifasciste Paris-Banlieue, Plateforme d’enquête militante.

Ce texte est important. Très important.

On aura le temps, plus tard, de le décortiquer et de revenir en particulier sur cette notion fausse et dangereuse développée par Guilluy de zones périphériques.

L’important c’est l’appel aux habitants des quartiers populaires, « à égalité et avec nos spécificités ». Sera-t-il suivi ? C’est un enjeu véritable. Sans doute le Comité Adama surestime-t-il son importance, mais c’est sur les Champs que l’on verra.

Cela renvoie l’appel de Martinez aux citoyens à l’anecdotique. Au moins il y aura du RRRouge .

Le fait que tous ceux qui ont à souffrir de ce pouvoir appellent ensemble, ce n’est pas ça l’essentiel du front unique ?

Maintenant, il y a une réflexion à mener, un pas à franchir.

Mais pour cela, il faut maintenant renverser le problème. Ne plus partir du terrain des peines et des souffrances mais partir du système lui-même. Que fait ce système basé sur l’extractivisme de matières premières, de « sur travail » et de profits financiers ? Il expulse tous ceux qui ne lui servent pas immédiatement. Dans ce sens, gilets jaunes, habitants des quartiers et aussi migrants car le système est mondial, nous menons le même combat. Encore faut-il s’en convaincre et lutter contre beaucoup de représentations et d’idéologies.

La pédagogie, le soin, la compassion, la fraternité, l’écologie raisonnée… jamais ces sujets n’ont été autant étudiés, ébauchés. Une autre société peut voir le jour, encore faut-il affronter directement le système néolibéral.

Ce soir, à la République, se tiendra une Assemblée générale sur le modèle des nuis debout avec Lordon, Ruffin, Assa Traore. On verra, mais une AG avec des têtes d’affiche pour un remake des Nuits Debout…

Surtout « Il nous faut les deux. Les deux classes (pas bourgeoisie et classe ouvrière Ndr). Absolument. On ne vaincra pas l’oligarchie, les lobbies, les multinationales et leurs porte-voix à l’Élysée, sans les deux. Sans les classes populaires et les classes éduquées. C’est le bloc historique qu’il nous faut souder", écrit Ruffin

Aie ! Aie ! Aie !

Enfin pour finir. Hier, j’ai entendu un sondeur dire : « Ce mouvement, c’est comme celui des poujadistes mais il n’y a pas de Poujade » Rire !!!. Comme une FI sans Mélenchon, on y reviendra…

***

28 novembre

Hier, le Président Macron a parlé.

Pas question de revenir sur la hausse de la taxe au 1er janvier. Bien, on continue !

Mais la méthode : Installons un haut conseil à la transition énergétique. Bien, ce ne sera que la troisième instance à plancher sur le sujet. Un qui est content, c’est Pascal Canfin. Il a fait le tour des télés, dimanche, pour dire tout le mal qu’il pensait de l’approche macronienne de la transition énergétique et pourquoi il avait refusé le ministère de l’écologie. Et mardi, il fait partie des 13 membres du haut conseil et refait un tour à l’envers pour dire que l’espoir renait ! « On n’est pas fatigués » mais quand même, pour qui nous prends-t-on ?

.Lundi, La secrétaire d’État auprès de Rugy discute avec un journaliste d’ Europe1/ « Les gilets jaunes, c’est compliqué, on n’arrive pas à les joindre ». « Nous non plus »répond le journaliste. Le sous entendu commun fait larsen dans le poste. ILS NE JOUENT PAS LE JEU !

Mais que faisaient-ils donc ? Ils échangeaient, préparaient la délégation du lendemain.

Deux délégués, vite fait, bien fait. La taxe reste. Un des 2 délégués annonce sur les marches du ministère (j’allais écrire sur les pieds de Rugy) : « Les actions continuent, nous serons le 1er décembre aux Champs Élysées et la police doit se conduire correctement cette fois ».

Mercredi, devant ce fiasco, Monsieur le Premier Ministre, annonce que lui-même recevra une délégation de gilets jaunes. Réponse dans la foulée : « Nous c’est Macron qu’il nous faut. »

Situation bien difficile.

Les actions continuent et Castaner compte : moins qu’hier, mais bien plus que demain. C’est écrit sur sa gourmette.

L’appel pour samedi aux Champs Élysées est lancé (les Champs Élysées, lieu de rencontre du tourisme international mais aussi des provinciaux et des jeunes des quartiers). Au fait, la CGT appelle à une manifestation ce même samedi, à midi, place de la République contre la vie chère… non, excusez-moi, contre le Chômage et la Précarité. Alors qui décide ? Beau temps prévu pour une jonction ?

Revenons à ces gilets jaunes. Un peu douteux ces gens qui désignent des porte parole. Ils n’ont pas fait socio à Paris VIII ou histoire à Rennes II, iIs ne sont pas délégués syndicaux d’une grosse boite, même pas fonctionnaires. Bref, « le mouvement social » ne s’y reconnaît plus. Mais peut-être que le monde a changé, que le néolibéralisme a construit son monde avec ses exploités, ses soumis, ses auto-entrepreneurs… Les « uberisés », aussi, finissent par se révolter. Les gilets jaunes sont légitimes tels qu ‘ils sont. Et les tentatives de déstabilisation médiatique sur le thème : « Oh, mais cela est-il bien démocratique ? » n’y font rien.

Il y a des appels de syndicalistes qui tentent le super saut périlleux dialectique : gilets jaunes/grève générale.

Il y a des textes qui explosent en multiples couleurs comme un feu d’artifice :

Rouge c’est rouge !

Gilets jaunes/gilets rouges, manifestation orange !

Gilets jaunes/gilets verts : oh, la belle bleue !

Pour le moment, la pression continue, le gouvernement est perdu. Les vieilles recettes ne marchent pas. Le monde a changé, les corps intermédiaires, les pompiers de service ont la lance faiblarde.

Et voilà que les étudiants refusent la hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers. Les bastions se mobilisent, mais cela pourrait s’étendre au nom de la solidarité. Un lien avec la lutte contre la politique migratoire est même possible.

Le monde change et comme disait l’autre les contradictions ne se surpassent que dans l’action.

Bouquet final du jour

Michel

***

Samedi à la Bastille, Michel, inspiré par le lieu, a proposé que chacun fasse une petite note de réflexion. Les évènements le méritent. C’est l’occasion d’échanger et c’est la meilleure préparation à notre réunion du 15/12. Il a commencé et franchement, son texte est à la fois passionnant et jouissif. À nos plumes !

1) C’est une lutte populaire massive, politique. En moins de deux semaines, des centaines de milliers de chômeurs, salariés, retraités, commerçants, auto-entrepreneurs, artisans, précaires se sont rassemblés, bloquant axes routiers, raffineries, centres commerciaux. C’est une mobilisation spontanée, auto-organisée. Sur les points de blocages, on se rencontre, fraternise, prend la parole : les « invisibles » se découvrent et découvrent leur force ! Magnifique ! Vive les « Gilets Jaunes ».

2) Évidemment, cette mobilisation hors cadre habituel, ciblée contre Macron a pris de court les organisations traditionnelles et les groupes d’extrême gauche : certains ont repris la musique du gouvernement sur « l’extrême droite, voire l’ultra droite », « la peste brune ». C’était l’espoir du gouvernement mais ça ne marche pas. Les classes populaires ont le soutien de 70, 80% de la population sauf… une partie du NPA, le POID, le PS etc… Des camarades se tordent le nez, font la moue. Qu’est-ce-que c’est que ça : ils combattent Macron sans notre autorisation !

3) Les inorganisés combattent réellement le pouvoir, la bourgeoisie, dénoncent leur situation financière insupportable, la précarité, la pauvreté. Ils n’attendent rien des syndicats et des partis. Mais pour qui se prennent-ils ?!...
Pire : parmi eux, il y a des électeurs du Front National qui est le vote de désespoir. Des rassemblements populaires aussi massifs ne sont jamais « purs » idéologiquement. Ils rassemblent, brassent. La grande majorité est constituée par les « invisibles » les plus pauvres qui n’en peuvent plus.

4) De nombreux camarades sont mal à l’aises. Moi pas. Ils affrontent Macron. Je suis avec eux. Bernard y voyait une journée d’action, Georges s’inquiète de certains propos xénophobes. La tendance CLAIRE réclame l’unité des partis et des syndicats, la grève générale… L’essentiel c’est d’aller avec les gilets jaunes, parler. Convaincre en combattant.

5) Les appareils sont contre ce mouvement qui ne respecte pas le protocole des journées d’action avec ballons de couleurs, mobilisations donc l’échec est organisé par les sommets comme à la SNCF ! Quand les mobilisations sont sérieuses, spontanées, auto-organisées, les sommets syndicaux et politiques s’y opposent. Il en fut ainsi jusqu’au 13 Mai 68 ! Il en sera ainsi jusqu’au moment où la Défense de l’état exigera qu’ils tournent.
Ce mouvement est profond, puissant, pugnace. Ce n’est pas une fronde : le début d’une lutte contre la politique européenne du Capital.

6) À l’exemple des gilets jaunes, les salariés pour s’en sortir doivent eux aussi agir par eux-mêmes. Si les syndicats veulent s’y associer, tant mieux (cf les dockers ou certaines raffineries) mais l’essentiel c’est l’Auto-organisation. Les gilets jaunes ouvrent la voie. Le reste, je le dis amicalement, c’est du bidon, la vieille ritournelle.
En somme, seule la lutte organisée contrôlée par le bas peut faire reculer le haut. D’ores et déjà, Macron a subit une défaite politique. Il va essayer de maintenir l’augmentation des taxes, obtenir l’appui des syndicats, créer des lieux de « débats écologiques » etc..

7) Les Champs Élysées ont volontairement été dégarnis. Le gouvernement voulait des « petites » barricades, des incendies, des affrontements pour la télévision. Un haut fonctionnaire scandalisé notait qu’il y avait deux autopompes et qu’elles n’éteignaient pas les incendies des « barricades ». C’est la fameuse bataille de l’opinion.
L’ultra droite ? Sur 103 interpellés, aucun militant d’extrême droite.
Macron démission ! C’est le mot d’ordre qui rassemble TOUS les gilets jaunes, dans toute la France. Maintenant, fusent « dissolution de l’Assemblée ». Il y a une recherche réellement démocratique. Les militants révolutionnaires doivent évidemment participer à ces mobilisations, et répéter dans les entreprises : comme les gilets jaunes organisons nous même ! La situation est gravissime pour le pouvoir qui tangue, zigzague, se divise.

À cet égard, je me permets de vous renvoyer à l’Édito du Figaro, paru lundi. Évidemment, nul ne sait ce qui va se passer. Dans tous les cas, Macron est à la peine…

PS : Le résultat électoral d’Evy montre que sur un plan électoral, la France Insoumise baisse à grande vitesse…

28/11/18

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Messages

  • Effectivement, sans la révolution prolétarienne, Le Pen a de beaux jours devant elle, grâce à sa base sociale naturelle, la petite-bourgeoisie radicalisée et déclassée que tu confonds allègrement avec le prolétariat ( bonjour les bases du Marxisme !) et grâce à son nouvel ami Mélenchon, leur "peuple central", leur Marseillaise, et leurs drapeaux versaillais !!
    Le prolétariat devient classe pour soi quand il est organisé, quand il a ses partis et ses syndicats et la présence individuelle d’ouvriers, d’employés ne change pas la nature profonde du mouvement, ce ne sont pas eux qui donnent le "la", ils sont aux basques de la classe petite-bourgeoise, c’est à dire l’inverse de la nécessité historique.... mais peut-être la grève ouvrière, les grèves lycéennes et étudiantes vont-elles renverser la donne, on se bat pour avec le POID et les comités por l’unité !
    Sait-on seulement que les municipalités FN-RN siègent avec le gilet jaune sur les épaules !! et que les petits patrons, artisans, commerçants, professions libérales déclassées veulent tout......sauf l’augmentation des salaires ! Ce sont eux qui cadrent le mouvement dont on vient "lécher le cul", confirmant la nature politique profondément petite-bourgeoise d’une bonne partie du NPA, de LO, du POI.... et leur capitulation devant l’activisme des gilets jaunes !

    La seule solution : La grève générale, le soulèvement des masses débordant les appareils,imposant le FUO, le combat pour un Gouvernement ouvrier, agrégeant autour de lui la jeunesse et toutes les catégories populaires dont une bonne partie des gilets jaunes eux-mêmes (qui trouveront ainsi un "chef ouvrier" pendant que certains représentants des gilets jaunes demandent ouvertement une solution militaire comme quoi le "démission Macron" ne suffit pas à lui seul..... "Macron, dehors !" "Gouvernement ouvrier !" OUI, et pas les drapeaux rouges au fond du sac, recouvert de jaune !!!).

  • Effectivement, sans la révolution prolétarienne, Le Pen a de beaux jours devant elle, grâce à sa base sociale naturelle, la petite-bourgeoisie radicalisée et déclassée que vous confondez allègrement avec le prolétariat ( bonjour les bases du Marxisme !) et grâce à son nouvel ami Mélenchon, leur "peuple central", leur Marseillaise, et leurs drapeaux versaillais !!
    Le prolétariat devient classe pour soi quand il est organisé, quand il a ses partis et ses syndicats et la présence individuelle d’ouvriers, d’employés ne change pas la nature profonde du mouvement, ce ne sont pas eux qui donnent le "la", ils sont aux basques de la classe petite-bourgeoise, c’est à dire l’inverse de la nécessité historique.... mais peut-être la grève ouvrière, les grèves lycéennes et étudiantes vont-elles renverser la donne !
    Savez-vous seulement que les municipalités FN-RN siègent avec le gilet jaune sur les épaules !! et que les petits patrons, artisans, commerçants, professions libérales déclassées veulent tout......sauf l’augmentation des salaires ! Ce sont eux qui cadrent le mouvement dont vous venez "lécher le cul", confirmant la nature politique profondément petite-bourgeoise d’une bonne partie du NPA, de LO, du POI.... et leur capitulation devant l’activisme des gilets jaunes !

    La seule solution : La grève générale, le soulèvement des masses débordant les appareils,imposant le FUO, le combat pour un Gouvernement ouvrier, agrégeant autour de lui la jeunesse et toutes les catégories populaires dont une bonne partie des gilets jaunes eux-mêmes (qui trouveront ainsi un "chef ouvrier" pendant que certains représentants des gilets jaunes demandent ouvertement une solution militaire comme quoi le "démission Macron" ne suffit pas à lui seul..... "Macron, dehors !" "Gouvernement ouvrier !" OUI, et pas les drapeaux rouges au fond du sac, recouverts de jaune !!!).

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