Accueil > Précis de lambertologie appliquée - Saison 25 : texte et commentaires de (...) > PETITE CHRONIQUE D’UN ÉTÉ TRÈS CHAUD
PETITE CHRONIQUE D’UN ÉTÉ TRÈS CHAUD
mercredi 22 août 2018, par
Parfois, un grain de sable bloque la machine apparemment la plus puissante...
En soit, l’affaire Benalla est anecdotique : un beau jeune homme, gaillard formé à la sécurité au PS, distingué par le Président de la République, devient son garde du corps personnel… Le Ministère de l’Intérieur lui refuse un port d’arme, il l’obtient par l’Élysée de même qu’un appartement de fonction, une limousine avec chauffeur, un grade insensé de lieutenant-colonel dans la gendarmerie : tout est normal, il est le favori du Président et de son épouse.
Macron précise publiquement « ce n’est pas mon amant » !... Incroyable.
Le 1er mai, il bastonne des manifestants. Filmée, l’affaire est révélée. La presse fait ses choux gras et l’opposition, Les Républicains en tête, sortent du bois au point de neutraliser le groupe des godillots LREM à l’assemblée nationale ! Un rien devient une affaire. Une chiquenaude déstabilise le pouvoir. Les hauts personnages de l’État, ministres, préfets, policiers se défilent, se contredisent. L’Élysée panique et le Président bavard refuse de s’exprimer. L’opposition obtient à l’Assemblée et au Sénat une commission parlementaire ! Du jamais vu.
Les institutions de la Vème République garantissent au Président immunité et stabilité. En provoquant l’opposition, l’opinion, les médias aux ordres, « qu’ils viennent me chercher ! ». Macron agit comme un enfant dans une cour de récréation : viens, si tu l’oses… C’est dangereux. On apprend notamment que l’objectif de Macron, c’était de créer une structure policière personnelle pour sa protection dirigée par Benalla. En embauchant à l’extérieur de la police ! Évidemment, les policiers n’ont pas apprécié… et balancé !
Cette affaire éclate alors que le Président est fatigué. Trente-deux jours de grève des cheminots l’ont déstabilisé. Il a gagné mais il a subi. Les sondages sont mauvais. L’opinion commence à se retourner, le chômage repart à la hausse, la croissance à la baisse… l’Europe se disloque.
Une fois encore, la crise de la superstructure révèle un pouvoir faible, hésitant. Et pourtant, dès Septembre, Macron va repartir à l’attaque. C’est inévitable. N’empêche, il est affaiblit. Notons que lors du débat, des deux motions de censure, JLM a été applaudi par les députés LR, Christian Jacob en tête ! La gauche « unie » a voté la motion de la droite (*) !!
Après le « favori » Benalla, voici que le numéro 2 de l’Élysée, donc de l’État, le secrétaire général Alexis Kohler est mis en cause dans une affaire financière et industrielle de premier ordre. Avec la petite frappe bastonneur de manifestants, on parlait de centaines de milliers d’euros : appartement, limousine, salaire élevé etc…
Avec Monsieur Kohler, on parle de centaines de millions d’euros. De la vente des chantiers de St Nazaire à un groupe italien propriété… de sa belle famille, co-voté par lui !
Tout est légal répond l’Élysée.
Et c’est possible. Depuis les années 80, le passage permanent entre le « privé » et le « public » des hauts fonctionnaires est devenu une habitude. Le Capital recrute en général les membres de la noblesse d’État pour leur carnet d’adresse, la connaissance parfaite des rouages de l’État, des procédures. Ainsi, après avoir été directeur financier ( !) du groupe italien, Kohler devient directeur du cabinet du ministre de l’économie alors dirigé par… Macron !
Benalla, Kohler, deux délinquants, au sommet de l’État. Si « l’opposition » parle du premier, silence sur le second…
Benalla est un petit délinquant, Kohler un très grand.
Restons lucide.
Que de fois n’a-t-on annoncé la crise mortelle de la Vème République. Cahin-caha elle continue depuis… 1958 !
Gardons-nous donc de conclusion hâtive. Reste que ces deux affaires ont éclaté durant l’été pendant les vacances. Viendra le temps des frimas : les salariés devront se débrouiller pour « finir » le mois à partir du 20… avec l’augmentation des prix et le blocage des salaires. Enfin en janvier tous seront payé après prélèvement automatique de l’impôt et sauront ce qui leur reste pour survivre…
Pendant ce temps, l’effondrement de la livre Turque menace à nouveau le système bancaire européen. La Turquie qui porte une dette faramineuse…comme l’Italie, le Portugal, la France.
Comprendre, c’est vaincre écrivait Hegel. La formule est rude, mais à l’évidence discuter pour comprendre peut aider.
Notre Club tente de répondre à cette nécessité. Et chacun de ses membres s’exprime à titre personnel. Il n’y a pas de porte-parole de CPB et c’est bien ainsi. L’été a été chaud. Après Août, Septembre.
(*)- Au rassemblement de rentrée de la FI, JLM a invité deux députés LR. Ce n’est plus l’union de la gauche mais l’union nationale…
22/08/2018
...
Messages
1. LE TWEET QUI VIENT...., 23 août 2018, 14:34, par FXB
Trump se donne les moyens de gagner les Mid terms... et de résoudre les contradictions insolubles de l’impérialisme US, il ira jusqu’au bout face à Erdogan, de la liquidation financière de l’économie turque (au risque de disloquer le marché mondial, ce que les lobbies industriels lui demandent face à la Chine) à une tentative de "regime change" (l’armée turque n’aime pas la Russie et ne se sent aucun intérêt commun durable avec ce pays). Ce matin vague de censure sur internet ciblant de prétendus agents iraniens et russes (avec des posts concernant l’Affaire Benalla, tiens, tiens...).
Souvenirs.... fin août 1984, camp d’été du secteur étudiant à Amiens, brillant exposé de Raphaël sur la Crise des Institutions ("le référendum sur le référendum" mitterrandien") et exposé de la révisionniste "Ligne de la démocratie" de Kostas-Lambert-Lacaze-Seldjouk-Logereau-Langevin (qu’on retrouve aujourd’hui dans le dernier entretien de Chantal MOUFFE dans le Philomag, avec en prime, 1 appel aux électeurs de MLP).
Dev l’an dernier a préféré écrire 1 bouquin plutôt que préparer 1 solution de force (kornilovisme de marché). Macron n’est pas l’homme du 18 juin, 1 sous-affaire Benbarka ou Foccart et n’importe quel Salan ou Massu en ferait son affaire ; sauf si le mouvement ouvrier...mais il se décompose plutôt que de régler sa crise de direction, le mélenchonisme de marché c’est Gérard Miller et les autofactures à 60 000 € de Chikirou... Imagine-t-on Lénine en 1917 confier La Pravda à 1 Psy de Saint Germain et à 1 ex assistante des cadets (Bockel) ??
La bourgeoisie britannique se déchire sur le Brexit et la probable victoire du Labour corbynien en cas d’élections anticipées ; elle prépare 1 scission blairiste (comme le SPD en 1981 et sa bande des 4) avec alliance avec les conservateurs européistes. La direction du Labour vacille mais il reste quelques sectes healystes (les grantistes et cliffistes disent à peu près la même chose) pour donner le cap, dont le WRP News Line de Sheila Torrance, ex gloire des YS des 60’s....