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C’est une photo

mercredi 30 décembre 2015, par Club Politique Bastille

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C’est une photo.
Le résultat des Régionales fournit un état de la superstructure. Le rapport de force électoral entre les partis et le pays. Reprenons.
- Le Front National a continué à progresser, même entre les deux tours, essentiellement dans les zones péri-urbaines et les campagnes.
- La droite ne capitalise pas. Mieux, sans le « Front Républicain » elle aurait subi une grave défaite au profit du FN.
- Contrairement à ce que nous pensions, le PS ne s’est pas effondré. Il a résisté. C’est une défaite, pas une débâcle.
Enfin l’abstention n’a pas battu de records reculant même entre les deux tours.
En conclusion, on peut dire :
1) François Hollande n’a toujours pas de majorité populaire. Il gouverne sans base
sociale et tient grâce aux institutions.
2) Hors le Front National, il n’y a pas d’opposition gouvernementale cohérente
séduisante.
3) Ces résultats globalement confirment le délitement du paysage politique, le rejet,
toujours plus radical des partis de gouvernement.
Revenons un instant au Front National. Il faut se calmer, analyser avant d’hurler au loup. À cet égard je partage à 100% les conclusions de J. Rancière. Dois-je choquer, ce n’est pas l’objectif, le FN ne m’obsède pas. C’est le mercure du thermomètre. Ce vote explose comme un acte de désespoir – vengeance contre ceux qui gouvernent, ont gouverné.
C’est la crise d’impuissance – à ce stade – des couches populaires déclassées, écrasées, menacées par le néo-libéralisme de gauche et de droite. La misère économique et sociale fabrique la misère politique. N’ayant pas les moyens, faute d’offre, d’utiliser un bulletin de vote de lutte contre le patronat, l’état, une partie des opprimés utilisent le bulletin FN. Le FN est un parti xénophobe, raciste, antisémite. C’est une formation de la droite de la droite. Un avatar des conséquences de la mondialisation, un parti de gueulards contre l’UE : « nous sommes chez nous ! ». Pas pour les États-Unis d’Europe. Le FN, c’est un maillon du système politique.
Chômeurs sans espoir, à vie, petits bourgeois déclassés, les petits salariés, les toutes
petites pensions de retraite, les précaires, ceux qui fréquentent les Restos du Cœur,
paysans acculés à la ruine, commerçants menacés par les grandes surfaces : c’est le public d’un Front National qui tente d’unifier ces couches contre les émigrés transformés en bouc émissaire comme les juifs le furent dans les années trente.
Encore un mot d’importance.
Le FN, c’est verbalement le combat contre les « élites ». La pourriture des « élites ».
Le Front National est un parti dangereux mais ce n’est pas un parti fasciste !

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Nos amis Sabado et Rousset, mais pas seulement déclarent que nous ne sommes pas dans les années trente, mais... le FN devient le cœur de l’analyse politique. Le danger principal contre lequel Front démocratique et le cas échéant vote PS s’impose.
Je voudrais revenir sur le PS. Le parti colonialiste gouvernant avec le MRP, les Républicains Indépendants, co-rédacteurs de la constitution de 1958, participant au premier gouvernement de De Gaulle, la SFIO est refondée par François Mitterrand à gauche. C’est sur une ligne d’unité de la gauche, tactique juste contre le PCF, pour mobiliser les salariés et conquérir le pouvoir que Mitterrand refonde le PS. Mais le PS, c’est la SFIO, sans les liens avec le mouvement syndical.
À partir de 1981, au pouvoir ou en cohabitation, le PS va défendre les intérêts de
l’impérialisme français, mener avec cohérence et pugnacité la construction européenne néo-libérale, matraquer le salariat, défendre bec et ongles le parti des propriétaires, de la bourgeoisie française. Aujourd’hui, c’est l’union de la gauche jusqu’à l’extrême droite.
L’affaire de la déchéance de la nationalité est quasiment incroyable. Le PS a fait le tour du cadran ! Alors à 80, 90, 99% parti bourgeois ? Qu’importe, c’est la colonne vertébrale de la bourgeoisie, le fourrier du FN.
Le Parti Démocrate aux USA n’est pas le Parti Républicain. Entre les deux, il y a l’épaisseur d’un chèque. Ça n’empêche pas des millions de salariés de voter pour les démocrates.
Donc, le PS a une autre histoire que les Républicains, mais, dans tous les domaines il a la même politique. Attention à ce que le Front Démocratique contre le FN ne devienne pas la... « gauche du Front Républicain » ! Maintenant en des circonstances particulières, exceptionnelles, on peut voter PS... sans moi !
Précisons un point qui entre nous ne fait probablement pas problème. Le FN n’est pas un parti fasciste car il ne s’assigne pas l’objectif de renverser la « gueuse », pas même de changer de République. Encore moins d’instaurer une dictature. Le FN ne propose pas de chasser les centaines de milliers de travailleurs émigrés, enfin, le parti d’extrême droite ne s’attaque ni aux partis, ni aux syndicats ouvriers. D’ailleurs, permettez-moi d’ajouter un mot qui a son importance. Jamais en France, jamais il n’y a eu de parti fasciste. Ni en 1930, ni même entre 40 et 45 ! C’est une particularité française. Quand les Croix-de-feu, les Camelots du Roi et les Cagoulards pouvaient essayer de prendre d’assaut l’Assemblée nationale, ils ont reculé ! Provoquant la réaction de la classe ouvrière qu’on sait. Même pendant l’occupation, les partis de la collaboration, avec l’aide de Vichy et des nazis, ne se sont pas hissés à la hauteur de l’Allemagne et de l’Italie. D’ailleurs Hitler méprisait les Déat, Doriot etc. Au total, c’est moins d’un millier de SS français qui combattra sur le Front russe.
Revenons au FN. Que vienne un nouveau coup de torchon financier sur la planète – c’est probable – que la crise jette par millions supplémentaires femmes et hommes sur le pavé, que nous entrions dans une période de chaos ouvert et alors des regroupements fascistes financés par le patronat pourraient voir le jour. La peur du FN masque les véritables problèmes.
Comme je crains comme la peste les procès d’intention, je répète qu’il faut combattre le FN, danger pour les libertés, etc... J’y viendrai.
Car il faut venir à l’essentiel.

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Le FN en France, l’islamisme dans le monde ont flambé car l’espoir du socialisme, du
communisme a disparu, rejeté par l’histoire de l’humanité. C’est faute d’une alternative à la barbarie du capital que la lie réactionnaire est parvenue aux avants-postes !
Stalinisme, social-démocratie, marqués du sceau de la barbarie ont provoqué le rejet des classes ouvrières, des peuples. Le trotskysme victime de l’échec de la IVème Internationale dans le monde entier a échoué sur tous les continents.
C’est cette réalité qui explique la montée des formes ultra-réactionnaires dans le monde.
C’est donc en combattant la politique néo-libérale, de droite, de gauche qu’on peut espérer vaincre le FN : et pas seulement sur le plan électoral !
Un mot du texte de notre ami Y. Lemaître. Voilà longtemps que je ne l’avais pas lu. En
sommes, tout est simple : il faut construire le Parti Révolutionnaire en mettant en œuvre la politique qui de 2002 à 2007, avait vu LO et la Ligue marcher de paire ! J’ai relu. C’est bien ça. Et c’est terrible. Donc, tout va bien cher Yvan.
Le monde a changé. Radicalement. Qu’on songe simplement à ce qui se passe en Chine depuis une vingtaine d’années. Des conséquences catastrophiques sur tous les plans, quand inévitablement la Chine va exploser. Et tout ça au nom du communisme ! Et c’est au nom du socialisme que Hollande reprend avec la déchéance de la nationalité des doubles nationaux, le programme... du FN ! Ils sont responsables des évènements en Corse.
C’est notre incapacité, collective à réfléchir, débattre, avancer vers une nouvelle alternative au capitalisme néo-libéral, menaçant la planète, remettant la guerre à l’ordre du jour, préparant des conflits majeurs en Asie du Sud Est, c’est cette faiblesse historique qui explique le délitement sans réponse progressiste de l’humanité.
Donc, bien sûr, il faut combattre le FN avec ses particularités. Ça va sans dire, mais pas en faire le centre de l’action révolutionnaire.
Pour moi, la lutte révolutionnaire consiste à... être révolutionnaire sur l’écologie, la lutte
contre la guerre, la défense des libertés, la cofondation d’une véritable démocratie etc. Le texte, remarquable, de la Coopérative politique Écologie Sociale avance sur cette voie. Il faut que, tous, nous nous attelions à ce travail, en travaillant collectivement. Les enjeux sont tels qu’ils dépassent nos regroupements, nos égos. En écartant ceux qui procèdent par formules toutes faites, par anathème. Il s’agit ni plus ni moins que de la sauvegarde de l’humanité.
Quand dirons-nous, enfin, démonstration à l’appui que pour en finir avec le chômage, il faut passer à 30, 25 heures !... Quand remettrons-nous concrètement en cause la machine à consommer, fondement de l’aliénation, conduisant l’humanité à tous les désordres, à toutes les menaces écologiques.
Donc, bien sûr il faut lutter contre le FN, comme un produit du chaos qui monte, peut-être créer des fronts démocratiques voire... appeler à voter PS mais ce ne peut pas être le centre d’une politique révolutionnaire.
Qu’attendons-nous pour restaurer une politique internationaliste européenne, contre le
souverainisme, le nationalisme ?!

4

Et puis il est temps de s’interroger sur les rapports entre les groupes, les organisations et les masses. Il faut parler avec le peuple à égalité. Aller à sa rencontre non avec un programme clef en main, mais pour en élaborer un.
Actuellement en France, en Allemagne, Italie etc. La situation est cadenassée, verrouillée.
L’offensive néo-libérale a porté ses fruits. La classe ouvrière encaisse sans réagir. La
jeunesse ne bouge pas. Il n’en sera pas toujours comme ça. À la fin de la guerre d’Algérie il y a eu un moment du même type, même si la situation nationale et internationale n’avait rien à voir.
Nous devons changer notre rapport politique avec les salariés et les jeunes. Et d’abord, décider qu’aucun porte-parole ni candidat ne sera un professionnel de la politique ! Plus d’anciens ministres, sénateurs à vie, députés, permanents !
Ce n’est pas de la démagogie. Au contraire. C’est une nécessité. Des salariés, des
chômeurs délégués, porte-parole, candidat, désignés, contrôlables, révocables ! Il faut
réinventer la démocratie politique.
Je m’arrête là en souhaitant que la discussion se poursuive.

JK

29 décembre 2015

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