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Aprés les élections départementales

dimanche 12 avril 2015, par Club Politique Bastille

La nouvelle défaite de la « majorité » illustre « l’état de l’union ». Hollande et Valls atteignent leur objectif : le PS est en voie de démolition-implosion. La perte des bastions historiques (le Nord , l’Essonne, les bouches du Rhône, l’Isère etc) dévitalise
humainement, organisationnellement, financièrement, politiquement le PS. A ce rythme le Premier Secrétaire dirigera bientôt un parti en voie de groupuscularisation...
Le PS disparaît de régions entières. Une génération rend les armes, les jeunes s’éloignent, l’appareil se réduit, se raidit. Malgré les remous et les oppositions Hollande et Valls tenteront d’imposer la poursuite de la même politique.
Bruxelles veille, les marchés menacent. En somme il y a eu rejet du PS, progrès de l’UMP sans véritable appétence pour la droite et progrès spectaculaire du FN. Le FDG fait un score minable. Je n’insiste pas sur l’abstention.
Résumons.

  • L’UMP se prépare à revenir au pouvoir.
  • Le PS fondé en 1971 est en état de mort clinique.
  • Le FN « nationalise » son implantation.
  • L’extrême gauche fait un bide.

Derrière les résultats électoraux se profile une situation dramatique. Le chômage ronge la société, la pauvreté gagne tous les territoires, les salaires baissent ou sont bloqués, le « vivre ensemble » se fracture. La crise économique ravage le pays. L’angoisse et la peur s’installent. La France des salariés sombre dans le désarroi, l’impuissance. Le rejet des partis, en particulier ceux de « gauche », est total. Les confédérations à force de collaborer dans les faits avec le libéralisme sont dans le même bateau. De temps à autres elles organisent une journée d’inaction pour faire mine d’agir. Et les salariés n’ont tout simplement pas la force, pas le mouvement spontané de sauter les obstacles, de réagir à l’échelle de l’offensive.
La Grèce a ouvert un espoir. L’étouffement par l’Union Européenne, l’inévitable recul de Syriza face au Capital international, démoralise, renforce le sentiment que décidément rien n’est possible.
Est ce à dire que l’avenir soit totalement bouché ? Non. C’était le cas aux pires moments de l’histoire. Ainsi après la Commune, pendant les guerres mondiales etc... C’est donc évidemment possible maintenant. Mais précisément, qu’est ce qui est possible ? Juguler la démoralisation. Affronter la réalité en ouvrant le débat. Et surtout en tentant de convaincre ceux qui veulent agir à débattre en bas de la société.
Ce qui vient « d’en haut » est inaudible. Les appels solennels, des organisations d’un Jean-Luc Mélenchon sont des coups de couteau dans l’eau, une manifestation de mépris pour les citoyens. C’est d’en bas que peut venir une éventuelle réponse des salariés, de la jeunesse. C’est surtout d’en bas que l’exercice démocratique peut rendre compte de la réalité. Cesser d’être en surplomb, d’apporter des « réponses » toutes faites, de prétendre organiser des luttes, est une nécessité. Les avants garde ne peuvent être entendues que si elles sont
écoutées.
Nul n’écoute plus l’extrême gauche, le FDG. Tout est usé, démonétisé. Il faut repenser l’action militante, entrer en opposition avec notre propre passé. Oser constater que nous sommes au même niveau que la masse des opprimés. Tant que des groupes de jeunes ne se constitueront pas, pour discuter, réfléchir et plus si affinités, il est vain d’imaginer être utile.
Les militants doivent retourner à la base, non pour dire ce qu’il faut mais pour se convaincre que des centaines d’exploités peuvent, s’ils en éprouvent l’intérêt se rassembler.
Abandonner toute attitude manœuvrière. Débattre, c’est emprunter le chemin des Indignés à une échelle microscopique. Discuter, c’est mutualiser les informations, diffuser les expériences, donner la parole au peuple tel qu’il est. Mais débattre pour quoi faire ? Pour construire petit pas par petit pas une contre-démocratie contre la démocratie prétendument représentative. Seul le bas de la société peut accomplir cet exploit.
C’est le seul service que les militant d’extrême gauche peuvent se rendre, rendre aux chômeurs, aux salariés, à la jeunesse. La réalité, le sentiment d’impuissance procède notamment de l’isolement du chômeur, du salarié précaire, du salarié en CDI mais engagé dans un univers de travail où il est seul.
Le Capital a vraiment mené à bien une révolution managériale. Chaque salarié est dissocié de l’autre. Le collectif est piétine, détruit. Seul l’écoute de l’autre, la prise de parole peut reconstituer un destin collectif. Une conscience de classe.
Débattre du monde tel qu’il est, c’est en partie briser l’isolement, donner des idées. Aujourd’hui nous payons les dernières répliques politiques de la disparition de l’URSS. Les organisations d’extrême gauche étaient des branches du même arbre. Nous voulions restaurer le pouvoir du prolétariat confisqué par la bureaucratie. Les oligarques ont pactisé avec le capital financier pour restaurer le capitalisme. Encore a t ‘il fallu que les peuples « passent à l’ouest », fuient le « socialisme vrai ». Et réciter la sainte formule selon laquelle le socialisme ce n’était pas ça, n’a rien changé. Un monde s’est écroulé, avec lui socialisme et le communisme. La chose et le mot. Voilà entre autres pourquoi à mon avis tous les projets de l’extrême gauche ont échoué.
Les communs constituent une piste réflexion intéressante à condition que la démocratie soit le moteur, comme programme et pas seulement comme moyen. «  La démocratie est à peine à ses débuts, elle n’est pas en panne, elle est seulement fatiguée d’immobilité ». (Jean Jaurès).
Les masses, les peuples sont actuellement écrasés, mais si ils se réveillent, ils ne supporteront aucun commissaire politique. La démarche verticale centralisatrice doit être soumise à discussion. Il faut réinventer, repenser une utopie sociale, démocratique qui mette au centre la question de l’écologie populaire. L’écologie est la question qui concentre toutes les autres. Ajoutons que l’écologie à quitté le domaine des rapports et des spécialistes.
Pour des centaines de millions d ’habitants, la pollution, l’eau rare, le réchauffement climatique, le parasitisme sou toutes ses formes, autant d’éléments concrets qui mettent en cause l’existence. En somme, participer avec qui veut à construire des lieux de connivence, de complicité pour débattre des problèmes du temps présent est un projet modeste mais très compliqué à mettre en œuvre. Ce travail n’a jamais été tenté. Nous vivons, pour les militants post- soixante-huitards avec des dogmes dans la tête.
Rappelons ce qu’écrivait Marx : «  La tradition des générations mortes pèse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants ». Voilà longtemps, très longtemps que le mouvement ouvrier, révolutionnaire et démocratique ne s’est trouvé dans une situation aussi difficile. L’économiste américain Rubini qui avait pronostiqué la crise de 2008 annonce la certitude d’une nouvelle crise financière mondiale. Des pays, des peuples entiers vont être précipités dans le chaos. Les partis rejetés. Une place énorme va se libérer. C’est la rue, ses places, ses manifestations, ses espoirs, ses illusions qui chercheront des solutions.
Voilà mon sentiment.
Curieusement, jamais depuis les années 60, je n’ai éprouvé ce sentiment de clarté politique. Nos générations ont recopié le passé sur de nouvelles pages blanches. L’erreur historique est majeure. Nous ne nous sommes pas trompés sur tout mais nous avons failli sur l’essentiel en imaginant que la question du pouvoir se réglerait comme... en 1917.
Répétons le, la démocratie est la question moderne, novatrice du XXI siècle.

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